Ce mois-ci, une chercheuse de l’université de Bretagne Occidentale, Fanny Kerninon, est venue dans les eaux du Parc naturel marin de Mayotte pour acquérir des données destinées au suivi et à l’évaluation de l’état de santé des herbiers marins au regard des pressions humaines et climatiques.
Ses résultats alimenteront une thèse sur les herbiers à l’échelle de l’océan Indien et fourniront des informations pour les gestionnaires du Parc naturel marin, mais pas seulement…
Les herbiers marins sont composés de plantes à fleurs qui présentent une sensibilité face aux variations environnementales et humaines. L’objectif de la thèse est d’étudier le lien entre l’état de santé des herbiers et les pressions. Sa spécificité est de mener des travaux à l’échelle de l’outre-mer français.
L’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) et l’Office français pour la biodiversité financent cette étude dans le but d’obtenir des indicateurs permettant de suivre l’évolution des herbiers, en parallèle de l’évolution de la qualité environnementale de l’eau, avec les mêmes indicateurs sur l’ensemble des outre-mer.
Avec l’appui technique du Parc et l’encadrement de l’Université de Bretagne Occidentale et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Fanny Kerninon était déjà venue pour sélectionner les premiers paramètres qui permettront de faire ces suivis. Actuellement, elle réalise la seconde phase de la thèse qui est une phase d’ajustement et de test de ces indicateurs sur les différents terrains d’étude, dont les eaux du Parc naturel marin de Mayotte.
A Mayotte, les herbiers jouent un rôle majeur dans l’alimentation des tortues marines et des dugongs, espèces emblématiques et menacées. Un des objectifs du Parc est donc de maintenir les herbiers de phanérogames marines en bon état de conservation et en particulier les herbiers qui ont un rôle écologique particulier.
Bien que les données sur les herbiers aient été collectées ponctuellement depuis la création du Parc, la tendance générale indique une dégradation de cet habitat. Sur certaines stations de suivi, des herbiers ont totalement disparu. C’est notamment le cas de la station de Kaweni soumise à de fortes perturbations humaines (eaux usées urbaines et industrielles).
Les origines, aujourd’hui inconnues, de cette diminution potentielle des herbiers pourraient dépendre de plusieurs facteurs :
– les rejets d’origine humaine dans le lagon (boues et pollutions) résultant de l’érosion sous l’effet de l’urbanisation, d’aménagements littoraux, de défrichages et de la déforestation,
– les impacts du changement climatique.
Si cette tendance générale au déclin se confirme, elle s’accompagnera d’une baisse des services rendus par la nature (les services écosystémiques). Les conséquences de la dégradation des herbiers marins peuvent êtres multiples, que cela concerne les capacités de stockage du carbone, le rôle de protection contre l’érosion côtière et l’accumulation des sédiments, ou la capacité d’accueil pour les espèces associées (tortues marines et dugongs).
Le Parc Naturel Marin fait savoir que sans attendre les résultats de l’enquête, un certain nombre de mesures peuvent déjà être prises pour éviter une dégradation plus forte de nos herbiers marins. Ces actions se passent, pour la plupart, à terre et permettent de conserver à la fois les herbiers et les récifs coralliens :
– préservation des zones boisées, y compris les mangroves,
– agriculture raisonnée et diversification des espèces,
– arrêt des pollutions dans les rivières,
– limitation de l’artificialisation des sols, etc.
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