« Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer arrivent ensemble à Mayotte début décembre », indique le député Mansour Kamardine sur sa page Facebook. Le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti devrait venir plus tard, dans un « calendrier différent », selon le ministre des outre-mer. Ce dernier s’exprimait le 19 novembre dernier, en délégation de l’Assemblée Nationale, et à la suite de l’interpellation du député mahorais sur de multiples thèmes.
Notamment sur la consommation des millions européens, et à la suite du passage de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy à Mayotte, qui avait pointé du doigt la gestion de l’enveloppe 2014-2020 par la préfecture. Cette dernière avait répondu en publiant les taux de programmation du fonds FEDER, mais pas sur les projets réellement engagés et payés. La réponse est venue du ministre des outre-mer, puisque selon Sébastien Lecornu, « sur la période 2014-2020, 229 millions d’euros ont été dépensés ». C’est à dire environ 78% de l’enveloppe de prés de 300 millions d’euros de fonds européens. Il faut savoir que la programmation de cette enveloppe « s’étale jusqu’en 2023 », avait expliqué la préfecture. Il faut encore savoir combien ont été mis en paiement.
Le ministre rappelait que le fonds REACT-EU du Parlement européen fournira une enveloppe supplémentaire, dont 30 euros par habitant dans les RUP.
Sur la prochaine enveloppe, le ministre des Outre-mer annonce environ 450 millions d’euros, quand le député plaidait pour 825 millions d’euros. Si les ambitions de Mayotte semblent faire un bond de géant, elles ne sont pour autant pas disproportionnées au regard des enjeux de structuration à mener, routes, piste aéroportuaire, ouvrages de prévention des risques, etc.
Nouvelles évolutions dans l’octroi de la nationalité ?
Les autres sujets forts portent notamment sur l’immigration. Le ministre des outre-mer compte « relancer la dynamique de l’opération Shikandra », et explique venir « bientôt » en déplacement sur Mayotte avec le ministre de l’Intérieur. En ce qui concerne les règles d’octroi de la nationalité « qui ont beaucoup bougé sous ce quinquennat » (on pense notamment aux amendements Thani), le ministre se dit notamment « favorable à d’autres différenciations à Mayotte ». A suivre de prés donc lors de sa venue.
Autre gros morceau, la décentralisation de compétences aux collectivités, qui inquiétait le député Kamardine, « vous voulez nous redonner les routes nationales ou les collèges, alors nous ne sommes même pas fichus de faire face à nos obligations sur le RSA ! » Avec une critique, « l’Etat s’appuie sur les collectivités les plus arriérées pour ne pas dégager de moyens. » Une accusation que ne laissait pas passer le ministre, « l’Etat ne fait pas d’économie sur Mayotte, la preuve, nous avons relevé la Dotation Globale de Fonctionnement pour chacune des communes ». Qui tient compte désormais de la population réactualisée. Mais face aux compétences que devraient exercer le conseil départemental (routes, collèges, fonds européens, etc.), il convenait qu’il était nécessaire « d’évaluer les compétences déjà transférées, en vue des 10 ans de la départementalisation. » Avec une question en forme de réflexion, « Qui est le mieux placé pour rendre chacun des service à la population ? »
La vision du ministre a donc considérablement évolué et dans le bon sens depuis son courrier d’octobre qui faisait craindre une erreur de diagnostic.
Notamment, alors que les élus dans leur réponse, l’appelaient à ne pas entreprendre une évolution institutionnelle tant que les éléments structurels de base du département n’étaient pas consolidés, notamment sur le plan sécuritaire, Sébastien Lecornu l’entérinait : « Repartir sur une question institutionnelle au moment où on parle d’ordre public, de sécurité publique, d’éducation, de développement économique, ce serait perdre du temps. »
De bonne augure avant sa visite.
Anne Perzo-Lafond
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