Les auteurs Noam Leandri et Louis Maurin, respectivement président et directeur de l’Observatoire des inégalités, ont tenté dans le 2ème « Rapport sur la pauvreté en France » d’apporter de l’objectivité dans un domaine qui en manque souvent : « Nous cherchons à faire la part des choses dans un débat polarisé entre ceux qui, pour alerter, exagèrent la pauvreté dans notre pays, et ceux qui ne veulent pas voir les difficultés sociales de certains de nos concitoyens ». Pour eux, le document doit « servir de point de départ à une discussion éclairée sur les politiques sociales ».
Le seuil de pauvreté adopté dans cette étude est de 50% du niveau de vie médian (le niveau de vie qui partage la population en deux parties égales), et non pas de 60%, ce qui diminue le nombre de pauvres, « mais permet un focus sur des populations en grande difficulté ».
La carte de France des régions les plus touchés zoome sur la Seine-Saint-Denis et les outre-mer. A La Réunion, prés d’un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, et si les données pour le seuil de 50% du niveau de vie médian manquent à Mayotte et en Guyane (où nous n’avons que les seuils pour 60%), on sait que dans notre département 77% de la population vit avec moins de 1.062 euros par mois.
De l’épargne au revenu minimum
En Seine-Saint-Denis, près de 18% de la population est pauvre, soit 280.000 personnes en 2017. Le rapport note que « le chômage est très élevé » sur ce département où vivent « des populations démunies, en partie immigrées ». En Haute-Corse et dans l’Aude, ils sont respectivement 12,6% et 12,3% de la population à vivre avec moins de 885 euros par mois.
Le rapport met notamment l’accent sur la pauvreté des jeunes, « les premiers touchés par le ralentissement économique. » Les auteurs soulignent que, si certains vivent dans la grande misère, « l’épargne a progressé du fait du confinement ».
Pas défaitistes, les auteurs jugent que notre système social n’est plus « qu’à un doigt » de parvenir à éradiquer la pauvreté. Ils préconisent pour y arriver, de mettre en place, « non pas un revenu universel, mais un revenu minimum unique qui garantisse la sortie de la pauvreté des plus démunis, sans exclure personne, notamment les plus jeunes comme cela est le cas aujourd’hui ». Ils l’ont calculé à 900 euros. On se souvient qu’un minimum de retraite de 1.000 euros a été instauré à partir de 2022, sous condition d’une carrière complète. Cette mesure de l’Observatoire des inégalités va donc plus loin, « Ce RMU assurerait principalement une hausse du niveau de vie d’environ 150 euros mensuels en moyenne aux allocataires du RSA ou de l’allocation de solidarité spécifique, ce qui n’est pas rien », indiquent les auteurs, et qui couterait environ 7 milliards d’euros à l’Etat.
A.P-L.
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