Les nuits se suivent et se ressemblent presque pour les habitants de la 2ème plus grosse commune de l’île. Des individus majeurs et mineurs multiplient les provocations à l’intention des forces de l’ordre. Ces dernières maintiennent leur dispositif, notamment à coup de tir de grenades lacrymogènes pour empêcher la formation de barrages sur la voie publique. Impossible de les confondre avec des feux d’artifice tant ces détonations se perpétuent tout au long de la nuit, comme celle du 26 au 27 décembre, particulièrement bruyantes.
Les agressions des automobilistes en nocturne s’étaient multipliées ces dernières semaines sur la commune, mais l’agression mortelle contre Mohamadi Moussa Mroivili, dit « Raoul », le 18 décembre dernier, a enflammé les quartiers. Des règlements de compte entre des habitants de Koungou et ceux de Trévani, accusés d’avoir porté les coups contre l’ancien conseiller municipal, se poursuivent, et déteignent sur la voie publique. L’identification des auteurs devient urgente.
« Laisse faire les jeunes »
Le parquet que nous avons contacté, nous informe des avancées de l’enquête : « Un majeur a été placé en détention provisoire, et, nous avons procédé à deux nouvelles mises en examen ce 25 décembre. Un mineur, placé sous contrôle judiciaire, et un majeur, pour lequel la détention provisoire a été demandée. Actuellement incarcéré, il a demandé un débat différé pour ne pas y rester. » Il aura lieu mercredi, et en fonction des éléments présentés, le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) tranchera.
Ce fléau de règlements de compte entre jeunes pourrit désormais la vie des habitants des communes de l’île sans qu’aucun élément déclencheur probant ne soit localisé depuis des semaines. Lorsque ces violences sont commises, l’instrumentalisation est toujours évoquée. Dans le cas de Koungou, le recours en annulation contre l’élection du maire Bamcolo en juin dernier revient sur le devant de la scène, « on entend certains adultes déclarer à des médiateurs, ‘laisse faire les jeunes, laisse les caillasser’ », nous explique un habitant. Comme d’habitude, pas de preuve formelle de ces déclarations irresponsables, qu’elles soient en pensée, en action, ou par omission, mais du côté de la mairie, on ne baisse pas la garde : « Quelque soit l’origine des violences, nous sommes en relation constante avec la gendarmerie nationale pour caler des interventions avec eux, et nous activons notre dizaine de médiateurs ainsi que la police municipales. A la suite de l’agression de Raoul, sa famille a lancé des messages d’apaisement, c’est à souligner », rapporte Alain Manteau, DGS de la commune.
Des renforts demandés
Bien que sollicitée sur d’autres terrains de jeux pour jeunes désœuvrés, la gendarmerie nationale a maintenu son dispositif à Koungou, « les faits ont bien baissé », affirme le capitaine Dépit, qui met les détonations de la nuit du 26 décembre sur le compte d’« un barrage qui nous a causé pas mal de difficultés, des caillassages impliquant une quinzaine d’individus ».
Des jets de cailloux qui visent uniquement la gendarmerie, explique-t-il : « En dehors des affrontements entre villages, comme Trévani-Koungou, ou contre Kangani où ils attaquent à la population pour laisser des traces, nous sommes clairement ciblés. C’est devenu un jeu, nous avons essuyé les mêmes agressions à Tsararano ou en Petite Terre. Cette semaine, en dehors du sud, tout le reste de l’île était touché, notamment Bandrélé, Chirongui, ou Mzouazia. » Des effectifs supplémentaires ont été demandés. Mais ce qui intéresse le capitaine Dépit, c’est la judiciarisation des individus : « Il faut parvenir à interpeller les leaders et en flagrant délit. Dès qu’on en interpelle un, on voit clairement le nombre de faits diminuer. »
L’un d’entre eux est particulièrement recherché, les gendarmes y travaillent. « Nous avons interpellé deux auteurs de caillassages cette nuit du 27 décembre, ils sont en garde à vue ».
Si les gendarmes ont noté un « début d’apaisement » à Koungou, la sécurisation de la circulation des usagers au milieu des jets de pierre impose encore leur présence permanente, avec des sollicitations ailleurs dans l’île qui laisse espérer que la demande de renfort sera entendue.
Anne Perzo-Lafond
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