« Le variant sud-africain est-il présent sur le territoire ? Est-il plus grave ? Le vaccin fonctionne-t-il sur cette souche ? Beaucoup de questions se posent », confie Dominique Voynet à l’occasion d’un point presse téléphonique. Lesquelles viennent s’ajouter à une certaine inquiétude liée à un regain de l’épidémie sur l’île comme en témoigne le taux d’incidence de 10,8 % au 10 janvier et les 242 cas – « une tendance à la hausse » – recensés entre le 3 et le 10 de ce mois. À ce titre, une « grosse dizaine » de clusters et deux zones de préoccupation, à Acoua et Ouangani, sont identifiés. Il s’agit là principalement de foyers familiaux contaminés à l’occasion de mariages et fêtes de fin d’année. Un maigre soulagement tout de même : on ne constate pas pour l’heure de multiplication de cas graves. Bien maigre car « il faut rappeler que lors de la première vague ici, les cas graves sont arrivés après le bond en avant du nombre de cas ».
Mais c’est bien autour du variant sud-africain que rodent les plus vives préoccupations de l’ARS. Lequel pourrait avoir comme origine principale les Comores, notamment Mohéli où « la situation se dégrade très rapidement ». D’autant plus que tout laisse à croire que beaucoup de fraudes auraient lieu quant aux dépistages pré-embarquement à destination de Mayotte. « Des tests que nous avons fourni ont été vendus aux voyageurs sans être vérifiés », assure la directrice de l’ARS. Plusieurs voyageurs ayant été testés avant leur vol se sont ainsi révélés positifs au coronavirus lors d’un dépistage à leur arrivée.
Un nombre de vaccins jugé insuffisant
Pour lever le doute quant à la présence de la souche sud-africaine sur Mayotte ou aux Comores, une série de prélèvements a été effectuée par l’Organisation mondiale de la santé dans l’archipel voisin et sera analysée au Kenya. Côté mahorais, trois glacières de prélèvements ont été envoyées à Paris. Les résultats sont attendus pour la fin de semaine. En attendant, se pose la question des frontières, d’autant plus que les autorités comoriennes ne semblent pas jouer pleinement la carte de la transparence. Leur fermeture a donc été proposée par l’ARS… Mais « pas retenue pour le moment ». « Le souci pour le gouvernement c’est que si l’on ferme dans un sens, on ferme dans l’autre aussi », glisse Dominique Voynet. En d’autres termes, on privilégie pour l’heure les expulsions. « Mais s’il s’agit du variant sud-africain, nous serons amenés à fermer les frontières avec les Comores », assure cependant la directrice de l’ARS.
Quoi qu’il en soit, souche sud-africaine ou non, Mayotte serait épaulée en cas d’aggravation de la situation. Que ce soit avec l’appui de la réserve sanitaire, celui de l’armée, ou grâce aux transferts vers La Réunion. De son côté, le 101ème département est aux avant-postes pour soutenir ses voisins comoriens. Un avion sanitaire avec à son bord 4000 tests et des équipements de protection s’est à ce titre envolé dans la soirée de mardi.
Quid du vaccin ? Là encore, de nombreuses questions se posent. Seule certitude, deux livraisons de 975 doses sont attendues, dont la première pour le 22. « Ça me paraît insuffisant, je harcèle le ministère pour en avoir plus », livre Dominique Voynet. Mais les doutes quant à la présence de la nouvelle souche n’aide en rien le plaidoyer. L’idée d’une campagne de vaccination généralisée semble bien lointaine, « les plus agés et les plus vulnérables seront donc évidemment ciblés en priorité ». A priori, trois centres de vaccination devraient ouvrir leurs portes, qui pourraient être suivis par deux autres afin de mailler au mieux le territoire. « Mais on ne s’avance pas tant que l’on n’est pas surs de l’approvisionnement », ajoute l’ARS. Qui croule sous les inconnues.
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