Trois meurtres ont été commis depuis vendredi dernier sur Petite-Terre dans le quartier de La Vigie, tristement connu pour être le repaire de nombreux délinquants. Un premier corps sans vie a été découvert vendredi matin. Il s’agit d’un homme de 36 ans de nationalité comorienne. Le procureur Yann Le Bris nous a confirmé ce dimanche qu’il s’agissait bien d’un meurtre par arme blanche commis par « un groupe de personnes dont le nom est pour le moment encore inconnu ». Le lendemain, soit le samedi, un jeune homme de 16 ans est à son tour découvert mort. Enfin, dimanche matin, un troisième crime a été commis. Un garçon de 14 ans a en effet été pourchassé par un groupe d’individus. Il s’est alors réfugié dans un banga pour échapper à ses agresseurs qui, sans pitié, n’ont pas hésité à l’assassiner en ce lieu.
Le procureur Yann Le Bris s’est déplacé sur les lieux du troisième crime pour constater les faits. Si le troisième individu a bien été tué par arme blanche, il ne s’agit nullement d’une décapitation comme ont voulu le faire croire certaines rumeurs disséminées sur les réseaux sociaux. L’enquête sur ces trois meurtres a été confiée à la section de recherche de la gendarmerie nationale qui aura pour tâche d’identifier et d’interpeler les auteurs. « Il est prématuré pour le moment d’établir des liens entre ces trois crimes », prévient le procureur Yann Le Bris qui tient également à mettre en garde la population contre les rumeurs qui circulent. « Les rumeurs font naître la psychose, elle-même génératrice d’envies de vengeance, ce qui est très dangereux », affirme-t-il.
Une escalade de violences sur Petite-Terre
Ces trois meurtres sont en fait l’apogée d’une série de violences et d’actes de délinquance en tout genre qui se sont déroulés sur Petite-Terre au cours de ces dernières semaines. Le week-end dernier, le restaurant Le Maore Burger, situé à Pamandzi, a été attaqué par un groupe d’individus dont le visage était masqué. Armés de coupe-coupe, ils ont dérobé la caisse et blessé l’un des clients du restaurant. Mardi dernier, un règlement de compte a eu lieu sur le boulevard des crabes vers 18h. Une bagarre a éclaté et un jeune homme a reçu un coup de couteau entre le cou et la clavicule. Evacué au CHM il est encore à l’heure actuelle entre la vie et la mort. Il y a quelques semaines, la propriétaire du restaurant Le Mekong a été séquestrée, blessée et cambriolée par un groupe d’individus. En outre, les habitants de Petite-Terre ne comptent plus les voitures et les bangas incendiés, obligeant certains habitants à se rendre au CRA pour y trouver refuge.
Devant l’ampleur qu’a pris la violence ce week-end sur Petite-Terre, la préfecture a demandé au commandant de la gendarmerie de déployer une grosse opération d’interpellation ce dimanche matin tout en appelant la population au calme. Un appel qu’a également lancé le maire de Labattoir, Saïd Omar Oili ce même jour, souhaitant éviter que la population ne se fasse justice elle-même. Mais cette dernière est néanmoins à bout de nerf. Plusieurs dizaines de personnes issues des différents collectifs de citoyens de Petite-Terre se sont rendues ce dimanche matin à la Case Rocher pour exiger des réponses plus fermes de l’Etat. Laurence Carval, la directrice de cabinet du préfet a tenté de leur parler pour apaiser la situation, mais ses paroles ont fait un flop devant l’état d’énervement de la plupart des personnes présentes. Si le préfet n’a pas prévu de s’exprimer pour le moment, le procureur Yann Le Bris fera un point sur la situation dans le JT de 19h de Mayotte la 1ère ce soir.
La parole des autorités est très attendue, alors que la tension est extrême au sein de la population de Petite Terre. Des collectifs se sont formés pour demander la fermeture des établissements scolaires, sans qu’un lien évident soit fait avec ces affaires. Il n’en sera rien selon le rectorat qui nous fait savoir que “en accord avec les maires et avec la préfecture qui déploie de gros moyens de gendarmerie pour sécuriser les établissements, nous accueillerons tous les élèves”, refusant de “renoncer face aux agissements de quelques voyous”.
Par ailleurs, une information de dernière minute nous est parvenue ce dimanche soir : deux individus mineurs auraient été interpelés en début d’après-midi au niveau de la barge par le GAO (section de la PAF). Ils tentaient de fuir Petite-Terre pour se réfugier en Grande-Terre et seraient impliqués de près ou de loin dans les trois meurtres susmentionnés. L’un d’entre eux était justement recherché par les gendarmes et a été arrêté en possession d’un couteau qu’il dissimulait sur lui. A l’heure actuelle, le procureur n’a pas encore confirmé ces informations de dernière minute.
N.G
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