Le coup est tombé mercredi soir sans préambule : trois communes marquées par une plus forte circulation du virus sont isolées du reste du territoire par le préfet à 18h ce jeudi soir. Pour Dominique Voynet, à la tête de l’ARS Mayotte, les dernières données imposaient une réaction rapide : « La nette augmentation des hospitalisations, 44, et la diffusion rapide du variant sud-africain nous a incité à prendre une décision adaptée. On a vu les difficultés que pose un confinement général, avec des impacts sur l’économie informelle, l’accès à l’eau, etc. Ce sera le dernier recours. »
Le nombre de malades diagnostiqués comme porteurs du Covid est en hausse, 798 cas ces 7 derniers jours, « bien sûr parce que l’on teste plus, mais le taux de positivité augmente lui aussi ». Il est de 14%, c’est à dire que pour 100 personnes testées, 14 sont positives, quand il était de 13,7 il y a quelques jours. Pas une flambée, mais « c’est un des plus élevé de France ». Heureusement, pas d’admission supplémentaire en réanimation où 4 malades sont toujours pris en charge.
A Dzaoudzi Labattoir, Pamandzi et Boueni, les valeurs dépassent les moyennes territoriales, « notamment en raison de la tenue de mariages et d’obsèques. Beaucoup de cas ont été détectés chez les enseignants et chez les ados, notamment au lycée de Pamandzi. Nous faisons un lien avec le retour des vacances puisque 15 jours après la rentrée, nous avions une forte hausse des cas ». D’autres communes sont surveillées, comme Tsingoni, mais aussi Sada « où un mariage a eu lieu la semaine dernière. »
Le vaccin efficace sur le variant sud-africain
La décision de serrer la vis a été prise après avoir constaté que le variant sud-africain accélérait sa circulation, « il était présent dans 40% des prélèvements sur la dernière analyse qui pointait 50 cas sur 124 testés. » La possibilité qu’il impacte sur l’efficacité du vaccin avait été émise par Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, avec une perte de 40% avait-il estimé. Ce n’est semble-t-il plus d’actualité, « Jérôme Salomon (directeur général de la Santé, ndlr) m’a rapporté que Pfizer estime qu’il est tout aussi efficace sur le variant sud-africain. » Si ce variant est avancé comme plus contagieux, on ne sait pas encore s’il provoque des formes plus graves de la maladies.
L’analyse de la présence du variant demande un séquençage que seuls Paris et Lyon savent faire, avec des délais de deux semaines, mais comme nous l’avait expliqué l’infectiologue Maxime Jean, Mayotte va pouvoir y prétendre : « Nous avons lancé une commande pour être approvisionnés en amorces PCR capables de les diagnostiquer, nous devrions être équipés dans les jours qui viennent. Mayotte est prioritaire », rapporte Dominique Voynet.
Un cas de variant anglais a été diagnostiqué, « il avait voyagé à Dubaï ».
Les plus de 60 ans ont fait l’objet de dépistage massif, ce qui a permis de détecter de nombreux cas positifs. « Avec une hausse probable des hospitalisations liée. » Ils sont donc appelés à se faire vacciner pour prévenir tout risque d’aggravation en cas de contamination.
Ce vendredi soir, 1.170 personnes auront été vaccinées
Comme nous l’avions indiqué, la même mécanique de guerre qu’au début de l’épidémie pourrait enclenchée en cas d saturation éventuelle de l’hôpital. Avec le recours à la réserve sanitaire, « ils sont 30 à arriver ce dimanche, surtout des infirmiers en réanimation », au service de santé des armées, qui pourra affecter 5 lits supplémentaires au 16+6 en réanimation que peut mettre en place l’hôpital, et la reprise des evasan de réanimation, porteurs ou pas du Covid.
Pour lutter contre la diffusion de l’épidémie, les acteurs de santé misent sur la vaccination. Les 975 flacons arrivés ce lundi d’une durée de validité de 5 jours après décongélation auront tous été utilisés, rassure Dominique Voynet, 1.170 personnes en auront donc bénéficié, avec une capacité de 5 à 6 doses par flacon. Le personnel soignant de plus de 50 ans, porteur ou pas de co-morbidité, les sapeurs-pompiers et les plus de 75 ans ont été les premiers destinataires. « Les bus affrétés par les mairies n’étaient pas pleins, mais nous avons aussi ouvert des centre de vaccination pour les insuffisants rénaux ». La 2ème salve de 975 vaccins est arrivées, « et nous en recevront donc la semaine prochaine ».
Un approvisionnement qui permettra d’ajuster le délai entre les deux injections. La encore, c’est le flou. Alors que la Haute autorité de santé préconisait il y a 5 jours de le rallonger à 6 semaines, le ministre de la santé Olivier Véran préférait le raccourcir, « je maintiens donc le délai entre deux injections Pfizer à 21 ou 28 jours, soit 3 à 4 semaines ». Les anglais ont eux choisi de rallonger le temps entre les deux injections après s’être aperçus que l’efficacité du vaccin Pfizer-BioNtech était toujours de 90% au-delà du 21ème jours. Cela permet d’élargir le panel des bénéficiaires , « en fonction des approvisionnement, nous pourrons réduire le délai, mais je reste sur 42 jours. »
Confinées, Petite Terre et Bouéni pourront se faire vacciner puisqu’un centre va ouvrir sur chacune des zones. « Il ne faut pas se tromper de site, car le vaccin doit se transporter congelé. Une fois décongelé, on a 5 jours pour l’utiliser. »
Anne Perzo-Lafond
Comments are closed.