« Pour faire une démonstration en science de la nature, vous devez passer par l’étape de l’expérience. Contrairement aux mathématiques où les règles sont fixées une fois pour toute. » Loin d’être médusés par l’assertion, les élèves de ce cours de philosophie enchainent, « mais pourquoi on ne peut pas remettre en cause les affirmations mathématiques ? ». « Parce qu’ils ont des critères pour déterminer la vérité ». Un moment savouré par le recteur Gilles Halbout, par ailleurs professeur des universités de classe exceptionnelle en mathématiques.
Ils sont 320 à avoir cédé à la tentation d’un retour sur les bancs de l’école alors que nous sommes en vacances scolaires, comme le rapporte aux médias présents ce mardi, Patrick Loval, proviseur du lycée des Lumières : « Nous avons mobilisés 25 à 30 enseignants sur le dispositif de l’école ouverte par demies-journées. Ils travaillent sur 4 thèmes définis en fonction des besoins des élèves : le travail sur les spécialités, d’un coefficient de 14 au Bac, le travail sur le Grand oral, l’accompagnement sur Parcoursup et enfin, l’accompagnement sur des problématiques d’enseignement. »
Car cette année, c’en est fini des Bac S, ES et L de la filière générale. Tous les élèves de seconde et de première de France devront choisir leurs spécialités pour l’année suivante. Mathématiques, numérique, Langues et littératures étrangères, sciences de l’Ingénieur… 12 spécialités étaient au menu à la rentrée 2020, qui ont subi les soubresauts de la crise sanitaire. « Les élèves stressent également pour le Grand oral qu’ils auront à passer en juin », rapporte Kelly, enseignante de Terminale STMG. Qui avait anticipé pour cerner les élèves en difficulté, « depuis décembre nous savions qu’il y aurait l’école ouverte, nous avons donc établi les listes des élèves concernés. » Ils sont 18 sur les 35 que compte la classe à se pencher, qui sur le carnet de bord, sur Parcoursup, qui sur la préparation du Grand oral, accompagnés par l’enseignante.
J-1 pour Parcoursup
« Nous avions besoin d’aide pour rédiger une lettre de motivation et pour enchainer les phases de Parcoursup, il faut avoir tout bouclé avant le 11 mars ! », nous expliquent les deux copines Nasma et Nasrya dans la classe à côté.
Les explications sur le nouveau Bac ayant été entravées par les fermetures des portes des écoles, il faut mettre les bouchées doubles, explique Gilles Halbout, « nous avons écarté le côté ludique de l’école ouverte, pour se consacrer sur les fondamentaux, même si les élèves peuvent aller se décontracter en jouant aux échecs ».
Les BTS ne sont pas en reste. « J’avais besoin de préparer mon épreuve d’avril, et de terminer mon dossier de gestion des risques et de la relation clients et fournisseurs. Même si j’ai un ordinateur chez moi et de la place pour travailler, je n’ai pas internet », nous explique Delmas, 20 ans, en 2ème année de Gestion des PME. Adidja, maman d’un garçon de 3 ans travaille à ses côtés, « je viens rédiger les 4 fiches de communication pour compléter mon dossier. J’avais besoin de mon prof. Mais sinon, je n’ai pas de problème à la maison, quand j’ai besoin de travailler, mon fils joue tranquillement ». Jean-François Bal les accompagne, « nous fonctionnons en effectif réduit, car il arrive que certains habitent à l’autre bout de l’île, et n’aient pas toujours un moyen de transport pour venir ».
Un protocole strict sur au moins 2 semaines
Ce n’est pas une répétition générale avant la rentrée, mais pas loin, explique Gilles Halbout qui rappelle les nouvelles modalités qu’il nous avait détaillées. « Nous attendons bien sûr l’annonce du préfet sur le déconfinement, qui pourrait communiquer demain. Si c’est le 15 mars, nous serons prêts, en ayant mis en place un protocole très strict. D’abord nos services civiques seront déployés sur le secondaire, pendant que ceux des mairies le seront sur les écoles, pour sensibiliser aux gestes barrière et s’assurer de l’aération des locaux, le nettoyage, le manque de masques, de gel ou autre. Ils auront un contact au rectorat en cas de besoin pour accélérer la réactivité. Ensuite, comme je l’ai déjà annoncé, le protocole est durci en raison du Variant sud-africain, puisqu’une classe sera fermée dès qu’un cas sera détecté, avec isolement des élèves qui seront testés. Enfin, pour éviter le brassage, nous mettons en place des cours un jour sur deux pour les 4è, 3è, seconde, et 1ère , excepté pour les enseignements de français où les cours en présentiel sont maintenus en totalité. De même que la philosophie en Terminale. Le Grand oral, c’est une grande première cette année, ça stresse les jeunes ».
Un protocole déroulé sur deux semaines, « en attendant d’observer l’évolution de l’épidémie. S’il y a décroissance, nous allègerons, mais en ne perdant pas de vue, qu’il faut renforcer la vigilance au bout de 2 à 3 semaines, car c’est là qu’il y a du relâchement. » Tout cela a été travaillé avec les chefs d’établissement et les syndicats, explique le représentant de l’Education nationale. « Dès l’annonce du déconfinement, nous communiquerons aux enseignants. »
C’était aussi « vaccination ouverte » au lycée des Lumières qui portait bien son nom pour une opération coordonnée avec l’ARS, d’ouverture à la vaccination des enseignants de moins de 50 ans, avec 160 candidats pour cette première. Une opération du même genre se tiendra la semaine prochaine dans un établissement du Sud de l’île.
Anne Perzo-Lafond
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