C’était dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2020, alors que des violences nocturnes sur la voie publique accaparaient les forces de l’ordre à Koungou, une équipée vengeresse commet des violences au domicile d’un habitant du village. Les upanga et les cailloux volent bas cette nuit là.
Que s’est-il passé quelques heures auparavant ? Mystère. Lazimoune Toybina, dit « Bao », qui n’a pas pourtant pas le physique d’une « planche » – sa signification en français – non plus du petit personnage de BD de Vincent Liétar, Bao donc, se plaint d’avoir été molesté par A.M., l’habitant de la maison alors qu’il passait dans la rue, « il était en état d’ivresse, il m’a serré au cou », rapporte-t-il.
Lazimoune qui a été condamné en novembre 2020 à un an de prison pour participation à des violences avec arme et destruction de biens en réunion, a le bon réflexe, il se rend à la gendarmerie pour déposer plainte. Mais de nuit, c’est porte close à la brigade de Majikavo Lamir, « allez dormir et revenez demain », conseillent alors les gendarmes. Là, peu de chance qu’il obtempère, il décide de se venger. « Il fallait vous coucher, cuver votre vin et déposer plainte le lendemain », moralise Liselotte Poizat, qui présidait l’audience à juge unique.
Deux anges-gardien caillasseurs
Il rameute ses potes, dont un est présent ce mardi à la barre, canotier en main. Un tantinet gêné de se retrouver là, Bourahime, salarié dans une boite de service après-vente, rapporte : « Bao m’a dit qu’il avait été tabassé par quelqu’un et qu’il voulait se venger. Je lui ai proposé de l’amener à l’hosto, mais il n’a rien voulu savoir ». Bien qu’il nie mollement, son implication dans les caillassages qui vont suivre est confirmée par plusieurs témoignages.
Car ils cassent la porte et pénètrent dans le domicile de A.M., Lazimoune en tête, armé d’un upanga (machette). Son propre frère essaiera de le désarmer et s’interposera entre lui et l’occupant de la maison, ce qui lui vaudra des blessures à la main et au cou. La pièce principale ressemble alors plus à un saloon, qu’à un salon mondain, avec vol de cailloux et bagarres à la machette, provoquant notamment des dégâts matériels, machine à laver, assiettes, marmites, etc., « il nous a volé un moteur Yamaha de 10 cv que nous avons retrouvé mais qui ne marche plus depuis ». Celle qui témoigne ainsi à la barre, Raïnat* c’est la femme de A.M.
Boubou et barre à mine
Raïnat a davantage de filiation avec Calamity Jane qu’avec Caroline Ingalls de la Petite Maison dans la prairie. Lorsque vers 21h, elle s’aperçoit de la première altercation entre son mari et la bande de Lazimoune, son sang ne fait qu’un tour, explique-t-elle, dans un récit traduit par l’interprète : « J’étais mal habillée, donc j’ai mis un boubou et j’ai pris une barre à mine. En sortant, je vois trois personnes au sol, les unes sur les autres, je ne savais pas où était mon mari, mais j’ai donné trois coups sur celui du dessus. Ils sont arrivés à prendre la barre à mine, et ont lancé des cailloux, sur la voiture de nos voisins. » Brisant le pare-brise. Lorsque les agresseurs pénètrent plus tard dans la maison, sa sœur présente sur les lieux est blessée, elles préviennent les gendarmes qui ont des difficultés à trouver le domicile.
Le jugement est tombé à l’issue du jugement. Lazimoune qui aura résisté aux voix de la raison de son frère et de son ami Bourahime, a été condamné à 15 mois de prison, dont 6 mois avec sursis probatoire avec obligation de soins contre son alcoolisme. Outre sa condamnation à un an de prison en novembre dernier, il a pris 6 mois d’emprisonnement le 12 mars dernier, pour violences sur personne détentrice de l’autorité publique. Donc, vraisemblablement en prison. Le cliquetis des menottes se faisait entendre à peine la sentence tombée.
Son chevalier servant dans la vengeance avouera s’être « chamaillé avec sa femme » ce soir là, « j’étais en colère, glisse Bourahime, mais si je vais en prison comme l’a requis le procureur, il n’y aura personne pour payer ma maison où vivent ma femme et mes deux enfants ». Il sera condamné à 6 mois avec sursis.
Tous deux sont condamnés solidairement à payer 2.000 euros aux deux sœurs pour les dégâts occasionnés.
Moralité, pour ne pas voir grandes ouvertes les portes du pénitencier, attendez que celles de la gendarmerie le soient !
A.P-L.
*Prénom modifié
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