Une cuisse de canard, de la semoule et des légumes à couscous, un soda et une crème dessert “c’est équilibré et suffisant pour tenir la journée” salue Said Laouia, étudiante en troisième année de licence. Comme d’autres autour d’elle, la jeune femme a bénéficié du menu à 1€ proposé par la cafétéria du centre universitaire de Mayotte à tout étudiant muni de sa carte. “Même moi” s’amuse le maire de Dembéni Moudjibou Saidi, inscrit au CUFR au DU valeurs de la république et religions, et ainsi titulaire d’une carte d’étudiant.
Cette mesure, pensée à Paris pour les régions dotées d’un CROUS devait s’appliquer à Mayotte où le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires n’est pas encore une réalité.
Il aura fallu pour appliquer quand même la mesure “des trésors d’ingéniosité” dixit le recteur Gilles Halbout. Et dans la cafétéria, quoique peu fréquentée en raison des mesures sanitaires, la mesure appliquée depuis lundi dernier n’est pas pour déplaire.
“Avant quand on avait un menu à 3,95€ tout le monde n’avait pas la possibilité de se payer le repas. Maintenant on voit venir manger des étudiants qui jusque là ne fréquentaient pas la cafétéria” constate encore Saïd Laouia.
L’application de la mesure s’est faite avec l’accord du CNOUS, précise le directeur du CUFR Aurélien Siri selon qui “ce n’était pas une évidence” en l’absence de Crous. Le centre universitaire prend en charge environ 80% du coût de revient (environ 5€) de ces menus.
A l’origine, le Premier ministre voulait cette mesure pour les étudiants boursiers qui “est particulièrement bienvenue à Mayotte” poursuit Aurélien Siri qui précise qu’à Mayotte, plus de 50% d’étudiants sont boursiers sur critères sociaux, contre moins de 30% en métropole.
“Entre temps, le 21 janvier, le président de la République a annoncé l’extension du menu à 1€ à tous les étudiants dans la limite de 2 repas par jour et la ministre de l’enseignement supérieur a voulu l’extension temporaire de la mesure à Mayotte. Elle sera en vigueur jusqu’au 31 juillet 2021.”
Le menu à 1€ s’inscrit dans une série de mesures réunies sous l’opération Un jeune Une solution portée par le ministère de l’enseignement supérieur.
Bientôt un “guichet Crous” à Mayotte
Il ne sera prochainement plus nécessaire de faire preuve d’ingéniosité pour pallier l’absence de Crous à Mayotte, annonce par ailleurs Gilles Halbout. “Ce dont on a besoin et qu’on voudrait avoir dès la rentrée, c’est un guichet Crous capable d’avoir un point d’entrée pour tous les étudiants du territoire afin de faciliter la mise en œuvre des nouvelles mesures. Avec un Crous sur place, on n’a plus besoin de tout un tas de manipulations qui nous occupent beaucoup.” Pas question toutefois d’avoir un Crous de plein exercice à Mayotte. Il n’y en a d’ailleurs pas un dans chaque île des Antilles note le recteur. “Le Crous tel qu’il va se développer sera un Crous Océan Indien, il ne faut pas imaginer un Crous Mayotte, il n’y a pas un Crous Martinique ou un Crous Guadeloupe. Qu’on ait un Crous Océan Indien qui nous couvre bien, ce sera une première chose.”
L’arrivée de cet outil social sera bienvenu pour les quelque 1600 étudiants du CUFR, parmi lesquels environ 400 ont bénéficié de bons alimentaires pendant le confinement. Avec en plus près de 1000 étudiants relevant d’autres établissements (filières BTS et autres) et la volonté de monter le nombre de places d’enseignement supérieur de 20%, l’intérêt d’un bureau du Crous à Mayotte apparaît plus utile que jamais.
Y.D.
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