Avec un taux d’incidence (94,8 pour 100 000 habitants) passé en dessous de la barre symbolique des 100 cas, un taux de positivité de 7,5%, “ça faisait deux mois et demi que nous n’avions pas eu d’aussi bons chiffres”, se réjouit Dominique Voynet. Et sans doute autant de temps que la directrice de l’ARS n’avait pas donné de conférence de presse en “présentiel”.
C’est donc dans les locaux du centre Kinga que la médecin de formation s’attache à décortiquer les différents indicateurs autour d’un message : la situation est sous contrôle mais l’on reste vigilant. Preuve en est selon elle des bons chiffres, mais aussi des lits de réanimation que l’on ferme à l’hôpital pour retrouver le contingent “normal” de 16. Les personnels de l’Escrim et une partie du Service de santé des armées surfent également sur le reflux pour plier bagage. Les services covid du CHM sont également peu à peu démantelés tandis que l’on augmente le nombre d’hospitalisations à domicile puisque, dorénavant, la situation le permet.
Serait-ce donc l’heure de la relâche ? Certainement pas du côté de la population, appelée à respecter à la lettre les gestes barrière par l’ARS. Et côté médical, on se tient “prêt à rebondir à tout moment”, indique Dominique Voynet, satisfaite du matériel supplémentaire désormais à la disposition du CHM comme des différents plans élaborés pour “réagir de manière très fluide”. L’occasion de saluer le dévouement des équipes, exemplaires, “constituées de grands professionnels qui ont brillé par la qualité de soins qu’ils pouvaient fournir malgré le contexte”.
Une campagne de vaccination encore trop lente
La félicité n’est pourtant pas de toutes les îles et l’ARS le sait. Et malgré la maigreur du système de soin local, les autorités sanitaires mahoraises voudraient bien rendre la pareille à la grande sœur réunionnaise. Un devoir de solidarité qui passerait par le retour au bercail de plusieurs patients mahorais en réanimation au CHU de l’île Bourbon où ils sont encore au nombre de 13.
Un chiffre qui n’augure que rarement quelque chose de bon. Et donc voilà la mauvaise nouvelle : la campagne de vaccination patine encore. Trop, bien trop à entendre la directrice de l’ARS qui prévient : “si l’on veut retrouver une vie sociale de qualité, le vaccin reste l’outil le plus efficace”. Et surtout, “si on ne consomme pas les vaccins dont nous disposons, on ne nous en enverra plus”, regrette l’ancienne ministre. Qui explique
avoir bataillé ferme avec Paris pour obtenir ces doses en quantité et déroger aux critères de vaccination nationaux pour s’adapter au contexte local – notamment sur l’âge et les publics prioritaires du fait de l’insularité. À ce jour, seules 13 533 personnes sont vaccinées, dont un tiers avec double dose. Alors que l’ARS table sur “au moins 30 000 dans les meilleurs délais pour espérer être efficace.
Vers une vaccination de masse
“Les réticences de la population sont beaucoup plus importantes que prévues”, déplore l’ancienne anésthésiste-réanimatrice. Et donc “pas pharmacienne”. “Je me fie à ce que disent les spécialistes quant aux effets secondaires et le bénéfice du vaccin est bien supérieur”, plaide-t-elle, même si un cas de syndrome grippal sévère post vaccination est suspecté chez une patiente décédée sur le territoire. Pas de quoi, selon la directrice de l’ARS, alimenter les folles rumeurs qui circulent tous azimuts.
Pour contrecarrer cet effet indésirable, l’ARS parie désormais sur une vaccination massive, le plus grand public possible. Et souhaiterait organiser dès la semaine prochaine, des campagnes le samedi destinées… à tous les majeurs “si le nombre de doses le permet”. Sinon pour toutes les personnes de 40 ans et plus. De quoi rapidement écouler le stock. Mais c’est précisément l’objectif. “C’est important de faire le plus de vaccins possible car c’est la première dose qui détermine le nombre d’envois pour la seconde”, rappelle Dominique Voynet. Il ne faudrait pas se mordre les doigts de ne pas avoir retroussé la manche.
G.M.
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