« Préservation des espèces, développement des connaissances et sensibilisation pour que cette richesse perdure », voilà les objectifs de la fermeture temporaire de la pêche à pied dnas la baie de Mzouazia, rappelés par Abdou Dahalani. Pour le président du conseil de gestion du Parc naturel marin de Mayotte, « il faut que les jeunes générations puissent profiter encore de ce qui fait notre fierté ». À savoir le lagon et les ressources qu’il abrite au sein d’un « hotspot de biodiversité mondial », rappelle le président. Pour ce faire, la commune de Bouéni, la Communauté de communes du Sud, le parc marin et une association locale « de mamans », ont formé équipe.
D’abord pour définir les contours de la démarche de fermeture, permettre qu’elle donne lieu à une meilleure connaissance de la ressource grâce à des relevés, et sensibiliser petits – dans les écoles – et grands – au bord de l’eau, à l’importance d’une gestion durable de la pêche. Et bien sûr, pour faire respecter l’arrêté préfectoral courant sur trois mois dans toute la baie de Mzouazia. Une gageure, qui avait montré ses limites en 2016, alors même que l’expérimentation d’alors s’étendait sur une plus petite zone.
La surveillance au centre des inquiétudes
Et la présidente de l’association Mila Ounangou ne cache pas ses inquiétudes, voire son scepticisme à ce sujet. « Il faut être encore plus vigilants sur la surveillance », a-t-elle martelé en shimaoré, pointant le fait que les habitants des villages voisins ou d’ailleurs ne se souciaient guère de l’interdiction 5 ans plus tôt quand les mamans du village la
respectait avec contrariété. « Il faut que cesse ces incivilités, le braconnage doit cesser pendant la fermeture et les personnes extérieures à nos communes doivent arrêter de venir pêcher nos pwedza », a repris Mu’Uminat-Swalihat Cheick-Ahmed, la vice-présidente de l’interco du sud, en charge de l’environnement et de l’énergie.
Alors, pour répondre à cet objectif, la police de l’environnement de la CCSud doit veiller au grain, tout comme la gendarmerie de Mzouazia et le Parc marin. Pour ce dernier, deux jours par semaine sur site, une patrouille maritime par semaine et 11 survols de zone sont prévus. « Ça ne suffira pas, il faudrait quelqu’un en permanence sur le site car les gens peuvent venir en pleine nuit pour pêcher », grommelle un habitant. Toujours est-il que la promesse d’efforts conjugués doit permettre une nette diminution des prélèvements dans la zone.
Aux communes de se saisir de la question
Au bout de trois mois, le comparatif avant/après du parc marin devra illustrer les bienfaits sur la ressource. Et déterminer, à partir de cette expérience qui prend déjà pied dans l’existant chez nos voisins malgaches, par exemple, dans quelle mesure la multiplier tout autour de l’île. « L’idée serait d’arriver à définir un roulement sur toutes les zones de pêche
à pied de manière à s’assurer que les poulpes aient toujours un endroit préservé. Mais le Parc marin ne peut pas être seul à l’initiative, c’est aux communes avant tout de se saisir de ce sujet », indique Mélissa Conord, chargée de mission pêche et aquaculture au PNMM. À l’image de celle de Bouéni, qui a fait du poulpe son emblème.
G.M.
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