En 2020, 9.200 bébés sont nés à Mayotte, contre 9.770 l’année précédente, soit une baisse de 6%, rapporte l’INSEE. Le nombre de naissances enregistrées en 2020 est le plus faible depuis 2015, mais demeure à un niveau nettement plus élevé que dans les années 2000 et qu’au début des années 2010 (7.100 en moyenne entre 2007 et 2012).
Ces naissances de mères domiciliées à Mayotte ont été moins nombreuses essentiellement au second semestre. L’INSEE n’en donne donne pas d’explication. Parmi les variables pouvant influencer, le tout début de l’épidémie de Covid, qui aurait pu freiner les unions, mais c’est surtout début 2021 que l’on devrait en percevoir les effets. Et les amendements Thani sur les contraintes de présence régulière sur le territoire d’un des deux parents, déjà perçus comme un frein à la future naturalisation de l’enfant à Mayotte. Mais là encore, seule une étude pourrait le confirmer.
Parallèlement à cette baisse de la natalité, la mortalité a fait un bond en 2020. La décision de fournir au niveau national les statistiques de surmortalité nous a permis de mesurer pas à pas l’impact de la crise Covid… et celle de la dengue, particulièrement mortelle en 2020.
En 2020, 970 personnes domiciliées à Mayotte sont décédées. Ce sont 190 décès de plus qu’en 2019 et 210 de plus qu’en 2018, soit une hausse de 25 % par rapport à 2019. Pas de raisons invoquées pour l’instant, « les causes des décès ne sont pas disponibles ».
Dengue ou Covid officieux
Pour l’INSEE, la surmortalité est plus marquée entre février et mai, ainsi qu’au mois de décembre. Toutefois, le diagramme en bâtons représentant le nombre de décès par région, qui nous place en tête de la surmortalité, fait apparaître que la période de mai à août impacte également fortement les données. Lorsque l’on tente de les comparer avec celles de l’hôpital, on constate qu’il est difficile d’imputer la majorité de l’aggravation des décès de février à mai au Covid, puisqu’on était officiellement en début d’épidémie. Par contre, sur mai-juin on observe chez Santé Publique France, une augmentation des admissions en réanimation pour Covid, et une surmortalité. Idem, en décembre, peu d’hospitalisation en réanimation, et peu de décès sur les statistiques de l’hôpital. On peut donc en déduire, au moins au début de l’épidémie, que la surmortalité est liée soit à la dengue, soit à des cas de Covid non déclarés.
En conséquence, le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, s’élève à + 8.200 en 2020. C’est le niveau le plus faible depuis 2014.
Surmortalité accentuée au début de l’année 2021
Depuis le début de l’année 2021, Mayotte connaît une surmortalité encore plus forte qu’en 2020. Ainsi, entre le 1er janvier et le 14 mars 2021, 322 décès sont survenus, soit une hausse de 78 % par rapport à la période correspondante de 2020. Dans l’Hexagone, la hausse des décès est nettement plus modérée (+ 12 %).
Sur cette période de 2021, le nombre de décès est en hausse de 128 % à Mayotte et de 5 % au plan national par rapport à la même période de 2019. La hausse des décès concerne à Mayotte de manière homogène l’ensemble de la population de plus de 50 ans.
Puisque cette fois, on ne peut imputer cette surmortalité de 78% à la dengue absente du territoire en ce début d’année, on peut par contre la mettre en parallèle avec la gravité de l’épidémie de Covid, accentuée lors de cette 2ème vague par le variant sud-africain. Mais mémoire, l’ARS Mayotte enregistre 154 décès déclarés de Covid au total, depuis le début de l’épidémie.
La mortalité concerne le plus fortement les 75 ans ou plus (+ 37 % par rapport à 2019). Seule la tranche d’âge des moins de 25 ans n’est pas affectée par ce surcroît de mortalité en 2020.
Anne Perzo-Lafond
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