Clément Kamouly enseigne l’Histoire-géographie en espagnol aux deux classes de Seconde option européenne. Il décrit pour le JDM ce projet eTwinning, qu’il porte avec deux autres professeurs.
« Pour les classes européennes , on organise généralement un voyage », explique-t-il. « À Mayotte, à cause de la distance, du prix, et cette année de la situation sanitaire, c’est plus compliqué qu’en Métropole. Mais on voulait mettre en place une mobilité pour nos élèves. Comme on ne pouvait pas le faire physiquement, on l’a fait de manière numérique ».
Pour monter ce projet, les professeurs s’inscrivent sur le site internet eTwinning et entrent ainsi en contact avec des professeurs d’autres pays européens. C’est ainsi que s’est mis en place un échange avec une professeur d’espagnol en Suède et une autre en Pologne.
Les lettres, dessins, photos et vidéos réalisés par les élèves dans le cadre du eTwinning sont exposés au CDI
« C’est stimulant pour les élèves des deux pays car l’espagnol n’est la langue maternelle d’aucun d’entre eux. Cet échange crée une situation en miroir très intéressante. Les élèves sont en contact régulier, ils s’envoient des lettres, des vidéos sur eux, sur leur lycée, sur leur quotidien… », décrit le professeur.
Les élèves mahorais ont notamment réalisé une vidéo pour leurs correspondants polonais dans laquelle ils montrent la ville de Koungou. « Il y a une grande différence entre Mayotte et l’Europe. On voulait montrer notre réalité, montrer qu’on a de belles choses ici. On fait découvrir nos cultures et nos traditions, et nous on découvre de nouveaux horizons. Par exemple, les Suédois nous ont envoyé des photos de leurs vêtements et de leurs plats traditionnels », », raconte Naouiryd Moussa, l’un des élèves participant à ce projet. « C’est bien qu’on parle espagnol, on développe cette langue et on sait qu’on pourra l’utiliser demain en allant à l’étranger ».
Le eTwinning est une action portée par la Commission Européenne
Pour Mayotte, relativement isolée sur la scène internationale, le eTwinning, dont le but est de créer des ponts entre les pays, prend tout son sens. « Au début de l’année, les élèves se sont rendu compte qu’en Suède, en Pologne ou à Mayotte, à 16 ans on aime la même chose » se souvient C. Kamouly. « Ils étaient extrêmement surpris de découvrir que les Polonais jouaient à Fortnite ! ».
Lorsque les professeurs ont présenté ce projet aux élèves à la rentrée, ceux-ci ont d’abord été déstabilisés par la charge de travail. « On a vu un énorme changement au mois d’octobre, ils se sont vraiment motivés quand ils ont reçu les premières lettres. Maintenant ils ont une projection internationale, des amis dans d’autres pays », se réjouit le professeur.
Les lettres et les vidéos réalisées pour ce projet sont exposées au CDI, et de nombreux élèves souhaitent à présent rejoindre l’option l’année prochaine. « C’est un rayonnement pour nos élèves, mais aussi pour notre académie », constate C. Kamouly. « Pour les Polonais et les Suédois, la France c’était uniquement l’Hexagone. On leur fait connaître Mayotte, on leur explique les recoins de notre culture. Et pour nous, c’est un beau processus de dépliage de ce que l’on est ».
Marine Wolf
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