Le nouvel établissement avait partiellement ouvert ses portes en Petite Terre sous les caméras et les micros pendant la crise sanitaire, investi par l’ESCRIM, l’Elément de Sécurité Civile Rapide d’intervention Médicale, qui l’avait provisoirement habillé en service d’Urgences au rez-de-chaussée, tandis que la médecine s’installait à l’étage. Depuis, l’ESCRIM a replié ses lits picots, et s’en est allé épauler les départements les plus touchés en métropole.
La brève mise en place d’un service d’urgence en Petite Terre avait apporté un « plus » sous la forme d’une réactivité synonyme de gain de temps dans la prise en charge des malades, sans avoir à solliciter la barge. Mais il s’agissait de répondre à une situation de crise. L’heure est désormais à la projection vers l’inauguration de la structure, sous sa configuration initiale de Soins de Suite et de Réadaptation (SRR).
Dans un communiqué, les syndicats Sud Santé sociaux et CFDT s’alarment de ce qu’ils dénoncent comme une « transformation du projet initial », qui ferait passer le Soins de Suite et de Réadaptation (SRR) en Centre Médical de Référence (CMR). Et qui leur a été présenté en Comité d’Hygiène, de Sécurité et Condition de Travail (CHSCT). Ils réclament que le service reste concentré sur « un parcours de soins de suite de rééducation et de réadaptation », mais aussi, sur « des urgences, une maternité, des zones de consultations, une radiologie, un mini laboratoire d’analyse médicale et un bloc opérationnel fonctionnel », et tout cela « en complément de l’hôpital de Dzaoudzi pour la médecine et l’hémodialyse ».
L’hôpital de Petite Terre inapte au service
Mise en cause, Catherine Barbezieux, la directrice du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), que nous avons contactée, préfère parler d’une incompréhension que d’une instrumentalisation : « Nous ne faisons que suivre le projet initial. Lorsqu’il a été réfléchi en 2012, il permettait de bénéficier de fonds européens pour une activité qui n’existait pas à Mayotte. Après avoir été hospitalisés en médecin ou en chirurgie, les patients étaient obligatoirement pris en charge par La Réunion ou la métropole, pour la rééducation par exemple. C’est pourquoi nous avons voulu ce SRR de qualité en Petite Terre. Tout en créant une unité sanitaire nouvelle pour remplacer l’hôpital de Dzaoudzi, vétuste, dont les murs sont gorgés de salpêtre pour avoir été construit en sable de mer. L’ensemble des activités hébergées par l’hôpital de Dzaoudzi, le cabinet dentaire, la maternité, la radiologie ou le mini laboratoire d’analyse médicale, venait donc se rajouter aux 55 lits de SRR. Ça a toujours été le projet initial ».
Quant aux Centres médicaux de Référence (CMR), ils sont travaillés dans le projet d’établissement, « nous organisons un séminaire pour étudier leur évolution sur les 5 ans à venir ». Pour cela, Catherine Barbezieux pourra compter notamment sur les compétences de Mahafourou Saïdali, ex-DGS du CD, qu’elle a fait venir comme directeur adjoint aux Affaires financières du CHM.
Quant à la bâtisse qui hébergeait l’hôpital de Petite Terre, les choses se corsent : « J’avais des idées de reconversion pour ce vieil hôpital, mais s’il y avait bien eu dans le passé une délibération pour donner le terrain au CHM, cela n’a pas été enregistré au cadastre. Donc nous ne sommes propriétaire ni des locaux, ni du terrain. »
Pour trouver une solution au problème de continuité de soins entre Petite et Grande Terre, abordé lors de la visite du bâtiment occupé par l’ESCRIM, Dominique Voynet, directrice générale de l’ARS Mayotte, avait évoqué l’achat d’un bateau dédié exclusivement à l’hôpital. A suivre donc.
Anne Perzo-Lafond
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