Les allergiques aux sigles et acronymes sauteront le premier paragraphe de cet article, non sans dommage pour sa compréhension.
Accompagner les personnes en difficulté de bout en bout de leur cheminement pour mieux lutter contre la pauvreté, c’est l’objectif principal de l’éclatement de deux services déconcentrés de l’Etat : la Direction des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi (DIECCTE) et la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DJSCS). Les compétences d’insertion sociale de la seconde sont désormais regroupées avec les compétences d’accès à l’emploi de la première. « Il fallait rapprocher l’insertion sociale de l’activité économique », nous explique Patrick Bonfils, ex-directeur de la DJSCS, qui prend les rênes d’une nouvelle structure, la DEETS, la Direction de l’Economie, de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité. Celle-ci est issue du mariage entre la Direction des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi (DIECCTE) et la Direction de la Cohésion Sociale (DCS).
La toute nouvelle DEETS conserve la partie régalienne de la DIECCTE, relative au code du travail, à la régulation de la concurrence et aux droits des consommateurs. Elle est confiée à David Touzel. Et la partie Cohésion sociale, solidarité et insertion, sera managée par Nafissata Mouhoudhoire. Pour mettre tout ça en musique, Patrick Bonfils devra faire un grand écart, puisque chacune reste dans ses locaux respectifs, à l’ancienne DIECCTE, rue du Barfly, et à l’ancienne DJSCS, au centre Maharadja. Compliqué, alors que l’objectif est de réunir l’insertion et l’économie pour plus d’efficacité, « à terme, nous les rassemblerons au sein de la Cité administrative, dont les travaux doivent commencer à la fin de l’année, pour une livraison dans 3 ans environ », explique Patrick Bonfils. Tout ce qui relève de la Jeunesse et des sports bascule au rectorat.
Meilleur contrôle des actions auprès des plus démunis
Il illustre d’un exemple le nouveau rôle de la DEETS voulu au niveau national par le gouvernement pour lutter contre la pauvreté : « Nous nous intéressons aux 77% de public en grande difficulté vivant dans les bangas. Premièrement, en leur trouvant un logement décent, notamment dans les villages relais. Puis nous les accompagnons socialement, dans la gestion de leur budget par exemple, et dans leurs droits pour ceux qui en ont. Ensuite, nous leur proposons des formations professionnalisantes, ou une insertion en formation continue, jusqu’à l’insertion en emploi en entreprise ou par la création d’une auto-entreprise. »
Un parcours qui permet à l’Etat de contrôler la bonne utilisation des deniers publics en insertion, et surtout son efficacité, « avant, nous travaillions en silo, chacun de notre côté sans savoir ce que faisaient les autres. On avait l’impression d’insérer quelqu’un en lui fournissant une formation, mais sans qu’il ait pour autant un logement décent. Ça menait à l’échec. Désormais, nous conjuguons les moyens financiers pour que nos partenaires mènent efficacement les politiques publiques qui leur sont confiées, leurs actions seront plus visibles ».
Toutes les populations en difficulté seront aidées, en tenant compte de la politique affirmée de reconduite à la frontière actuelle. « Certains dispositifs sont inconditionnels de la situation administrative, mais d’autres comme ceux qui font intervenir les allocations logements ou le RSA sont conditionnées à la nationalité. Je mentionne que 30% de mahorais vivent dans des bangas en tôle. »
La fusion permet aux personnels des domaines insertion et économique de travailler de concert – enfin, toujours dans deux établissements séparés pour l’instant – auxquels se joindront 5 agents supplémentaires, « sur la partie Travail, emploi et compétence », indique Patrick Bonfils, qui a demandé 2 postes supplémentaires « sur la partie sociale ».
Anne Perzo-Lafond
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