Horreur. Indignation. Stop au viol. Peine de mort. Le viol et l’assassinat de Faina Rahim, âgée de 5 ans, a provoqué un choc général et une grande émotion aux Comores. La fillette avait été portée disparue mercredi 5 mai. Elle a été enlevée et séquestrée par deux jeunes âgés de 17 et 18 ans.
Ces derniers l’auraient “violé avant de l’enterrer” dans un trou à quelques 200 mètres du village de Membwadju au nord de la Grande-Comores. Après des recherches vaines de la famille, celle-ci a alerté la brigade du nord qui a investi les lieux jeudi et vendredi sans résultats. Samedi 8 mai dans la matinée, un jeune garçon confiera à un villageois avoir surpris les deux hommes, paniqués, en train de creuser un trou pour y mettre quelque chose. Mais les deux tueurs auraient menacé à mort le jeune garçon s’il disait quoi que ce soit.
Le jeune garçon et le villageois décident d’informer la gendarmerie qui se rend immédiatement sur les lieux et exhume le corps. Selon les premiers éléments de l’enquête toujours en cours, “la fillette a été violée avant d’être mise sous terre par ses deux bourreaux”. Une thèse confirmée par le chef du village, Abdou M’madi. Les deux hommes ont été identifiés et placés sous mandat de dépôt.
“Pour nous, il s’agit d’un acte barbare qui mérite des sanctions extrêmement sévères. Il ne devrait y avoir aucune complaisance. La justice doit faire son travail”, a réagi, ce dimanche 9 mai, le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed M’saidie, au cours d’une conférence de presse essentiellement consacrée à cette affaire.
Evolution de la législation en matière de viol
Une marche improvisée a mobilisé ce dimanche à Moroni (capitale de Grande Comore) des représentants des organisations de défense des droits de l’enfant et des membres de la Commission nationale des Droits de l’Homme et des libertés (Cndhl). Les manifestants ont dénoncé l’horreur et l’inaction de la justice. “Nous sommes indignés par ce qui s’est passé, nos enfants sont aujourd’hui devenues des proies, nous ne sommes pas tranquilles, que la justice se montre exemplaire. Il y a beaucoup de violeurs qui ne sont toujours pas jugés”, a déclaré Miriame Kaissane, l’une des organisatrices de cette marche pacifique.
D’autres manifestants fustigent la légèreté avec laquelle la justice traite les cas de viol et de meurtres et d’agressions sexuelles sur les mineurs. Des personnalités appellent à un jour de deuil national vendredi 15 mai alors que certaines demandent au chef de l’Etat de convoquer en urgence le conseil supérieur de la magistrature pour se prononcer sur la lenteur judiciaire et les complicités présumées des magistrats à l’origine, selon eux, du retard de jugement et de la condamnation de prédateurs sexuels.
“Il faut que le président convoque ce conseil”, a demandé avec insistance Me Ahamed Ali Abdallah avocat au barreau de Moroni. Les Comores ont modifié récemment leur Code pénal après une série des cas de viols d’enfants au milieu de l’année 2020. Jusque-là, le violeur pouvait demander la liberté provisoire si aucun procès n’était pas organisé dans les trois mois qui suivent son arrestation. Et le viol était considéré comme un délit sauf s’il provoquait la mort de la victime.
Cette fois, le viol est considéré comme un crime à part entière. Un nouveau Code pénal a été adopté au mois de novembre 2020. “Le président a honoré sa promesse de durcir la législation, il l’a promis lors de la fête du 6 juillet 2020 et c’est fait, la balle est dans le camp de la justice” a rectifié Houmed M’saidie en réponse à ceux qui accusent les autorités d’indifférence face aux actes répétés de viols de mineurs. Le parquet de Moroni a promis de revenir sur l’affaire dans la journée du lundi 10 mai.
De notre correspondant A.S. Kemba à Moroni
Comments are closed.