Cette année, les lycéens vont essuyer les plâtres d’une épreuve inconnue jusqu’alors du cursus de terminale : le Grand Oral. Il s’agit de développer à la fois la connaissance acquise sur un sujet donné, et de démontrer sa capacité à prendre la parole et à mener une réflexion critique devant un jury. La différence avec les précédentes épreuves orales du Bac, c’est la posture de conférencier miniature que doit adopter le candidat.
Bien que le territoire soit connu pour sa transmission orale, c’est autre chose quand il s’agit de prendre la parole haut et fort sur un sujet et devant un jury.
C’est à ça que se sont essayés des classes de lycéens des Lumière pendant les vacances, pour lesquels enseignants, salles, et proviseur se sont rendus disponibles. Les Terminale générale (TG) ont défilé dans le grand amphithéâtre Lors du passage de la TG3 mercredi 12 mai, une trentaine d’élèves a présenté une des deux questions préparées avec les enseignants, correspondant à leurs deux spécialités*.
Notée sur 20 points avec un coefficient 10 pour la voie générale et 14 pour la voie technologique, l’épreuve dure 40 minutes dont 20 minutes de préparation au CDI. Le silence qui y règne est révélateur de l’hyper concentration des élèves. Pas si stressés que ça finalement comme l’attestent un groupe de quatre copines : « Nous avons fait nos propres recherches et nous nous sommes toutes préparées différemment ».
Miroir, mon beau miroir…
Pour l’une, c’est sa famille qui a servi de cobaye, « moi, c’est devant un miroir que je m’entraine, et ça va, on se sent à l’aise ». Les thèmes sont variés. Pour Hadidja, c’est « Comment les artistes féminines dénoncent-elles le problèmes de la société dans laquelle elles vivent », Yasmina a choisi « Quel est l’impact des réseaux sociaux dans la société canadienne » en raison « du suicide d’une adolescente là-bas », Nasriya argumentera autour de « comment les produits dopants améliorent-ils notre performance sportive ? », quant à Zamharira qui ambitionne d’embrasser la carrière de journaliste, ce sera « Comment le Commonwealth s’engage-t-il pour défendre la liberté de la presse ? », intéressant au regard des nombreux pays africains qui en sont membre.
Du côté des garçons, ça stresse un peu plus. Aboulhouda a choisi les spécialités Histoire et géographie politique et philo. « Je me suis entrainé sur mon thème ‘Identifier, valoriser et protéger le patrimoine », mais je me sens pas prêt ». Kévin est plus à l’aise, « j’ai choisi ‘De quelle manière le théâtre pose-t-il un cadre au spectateurs ?’, je me suis entrainé en cours ».
Cette fois, aux côtés du jury composé de deux enseignants, assiste le recteur Gilles Halbout. Une pression supplémentaire pour les élèves ? « Non, non, on a l’habitude de le voir à la télé ! »
Les déchets non valorisés
Pendant qu’ils buchent, d’autre ont déjà commencé à défiler devant les jury dans deux salles dédiées. Avec un premier test pas forcément concluant pour le thème de l’amélioration de la gestion des déchets. Pas mal de lieux communs, « ce sont les industries agroalimentaires les principales responsables des déchets », sans réflexion derrière, et sans approfondissement sur la destination des déchets ultimes, ceux qu’on ne peut trier. On ne saurait trop conseiller aux candidats et candidates de consulter le JDM et ses archives, d’accès gratuit, comme point de départ d’une recherche plus approfondie. En revanche, la prise de parole en public était affirmée, d’autant plus encourageant que le fond n’était pas là pour étayer. Une future commerciale ?
Après les questions du jury sur le sujet qui n’auront pas eu de réponse adéquate, puis sur le projet de poursuite d’études, la candidate est invitée à se diriger vers un des 5 ateliers de remédiation, dont l’un est animé par la comédienne Mylène Wagram sur la gestion du stress lors de la prise de parole en public.
Un bonus donc que ce temps de préparation proposé par le rectorat au lycée des Lumières, où les élèves ont pu être conseillés individuellement. Ils essuient les plâtres d’une année scolaire morcelée par le confinement, mais pas sans filet, « vous aurez le droit de vous présenter devant le jury avec la liste des éléments qui n’ont pas été abordés au cours de l’année », les rassurent les enseignants.
Anne Perzo-Lafond
* Depuis juin 2020, il n’y a plus de série (L, ES, S) en voie générale mais des parcours par spécialités (Maths, physique-chimie, littérature, arts, SVT, théâtre, etc.) choisis par chaque lycéen en fonction de ses goûts et de ses ambitions.
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