« Replongez-vous 15 ans en arrière sur l’état du quartier de M’gombani. Qui aurait imaginé qu’il deviendrait ce quartier résidentiel, aux rues arborées et bordées de magasin que nous connaissons aujourd’hui, et dans lequel nous rêvons d’habiter ?! » Ali Debré Combo, conseiller départemental de Mamoudzou 3, prononçait ce discours en face de la grande place caillouteuse et poussiéreuse sur laquelle est implantée la MJC de Kawéni, visée par la première opération du Nouveau programme de Rénovation urbaine* (NPRU).
Depuis le 25 mai, des travaux d’enfouissement du réseau sec (lignes électriques, éclairage public et les télécommunications) sont menés en nocturne, et à partir de lundi l’ensemble de la place sera clôturé, « nous créons une voie provisoire pour la desserte de bus scolaires et une signalétique sera mise en place pour proposer un autre passage aux habitants », indique l’équipe du NPRU.
Le NPRU « Kawéni Hima », (debout Kawéni) va faire sortir de terre une place arborée, comprenant une plateforme de bus, une passerelle réhabilitée vers Kawéni village, la rue SPPM qui mène vers le rond-point Mega et la zone scolaire, avec d’un côté l’école Kawéni La Poste, et de l’autre, le lycée polyvalent. Une ombrière sera installée pour abriter à la fois les marchés forains, les évènements culturels et les élèves de la pluie et du soleil en attendant leur bus.
1.000 heures de chantiers d’insertion
C’est le 1er gros chantier du NPRU de Kawéni qui est ainsi lancé dans une zone chargée d’histoire, comme le rappelle le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila : « C’est ici même qu’a commencé l’histoire économique de Kawéni, avec la Société des Plantes à Parfum de Madagascar, la SPPM ». En 1958, Fidahoussen Kakal, grand-père de Gamil Kakal, fonde la SPPM, en rachetant deux domaines, l’un à Nosy Be et l’autre à Mayotte, qui deviendra le groupe Cananga, dont son petit-fils est actuellement le président. C’est Aktar Djoma, son directeur général qui le représentait.
« Mieux que ‘Kawéni hima’, je veux parler de ‘Kawéni himi’ (Kawéni s’est réveillé, ndlr) !, s’enthousiasmait le maire, Kawéni va se métamorphoser avec l’investissement de 150 millions d’euros au programme. Cela va permettre de mettre l’accent sur l’accès à l’emploi à travers les clauses d’insertion incluses dans les marchés, soit 1.000 heures au total. »
Plusieurs acteurs participent à la renaissance de l’espace. L’ANRU tout d’abord avec 30 millions d’euros de subventions, soit 19% de l’investissement. Le rectorat ensuite, mais à travers son programme d’aménagement d’une cuisine centrale, d’un gymnase et d’un internat, pour 36 millions d’euros, la ville de Mamoudzou, pour 13 millions d’euros, et la CADEMA, 376.000 euros, ainsi que le conseil départemental, 8,6 millions, notamment à travers la cession du foncier. Et dont le président revendique la paternité, explique Ali Debré Combo, « la genèse du NPRU, c’est lui à l’époque où il était encore sénateur. Il souhaitait que les travaux débutent avant la fin de sa mandature. » L’élu remerciait également le 2ème adjoint au maire de Mamoudzou, Magoma Hamidani, « pour les avancées du dossier », et le recteur Gilles Halbout, « pour son engagement sur ce secteur de Kawéni et sur l’ensemble du territoire ».
Ce n’est qu’une première tranche de travaux du NPRU qui réserve encore à Kawéni d’autres surprises, puisque vont suivre la zone scolaire, les quartiers Bazama et de Kawéni centre.
Anne Perzo-Lafond
* Le NPRU prévoit la transformation profonde de plus de 450 quartiers prioritaires de la politique de la ville en France, en intervenant fortement sur l’habitat et les équipements publics, pour favoriser la mixité dans ces territoires
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