Une vue imprenable sur le lagon, un bâtiment à quelques 16,3 millions d’euros*, et l’on se prend à rêver. « Ce site sera la Silicon Valley de Mayotte », se réjouit ainsi Soibahadine Ibrahim Ramadani après avoir vanté les mérites d’une « grande infrastructure d’avenir », propre à permettre à « la petite Mayotte de tirer son épingle du jeu dans le jeu des grands qui s’effectue dans cette région ». Car au delà d’un bâtiment à charge d’accueillir des entreprises innovantes avec des équipements de recherche et développement, c’est une idée qui prend forme avec la pose de la première pierre. Celle d’un « Made in Mayotte », propre à « s’ouvrir au monde depuis le territoire » mais aussi d’un « Made for Mayotte », explique en substance Nadine Hafidou de la CCI.
« Penser globalement en agissant depuis notre territoire »
Dans ce cadre, l’objectif est d’accompagner « la création d’entreprises durables, capables de créer de l’emploi » dans quatre secteurs identifiés tant par leurs possibilités que par leur nécessité : l’agrotransformation, les technologies de l’information et de la communication (TIC), les services aux entreprises et les activités marines. De quoi changer le visage d’une
économie où 98% des entreprises emploient moins de cinq salariés et où les débouchées ont l’allure d’un mur ? « Il faut penser globalement en agissant depuis notre territoire », fait valoir Nadine Hafidou à travers cette première « structure à dimension régionale ».
En lien avec l’enseignement supérieur et la recherche
« Les nombreux défis de Mayotte nous imposent plus qu’ailleurs d’innover », renchérit Faoulia Mohamadi, représentante du jour pour le rectorat et elle-même chercheuse qui voit dans ce « bel outil » « le cadre opportun pour développer les projets ». Dont les acteurs seront pour partie enseignants, chercheurs et étudiants du territoire et qui doivent trouver là un accompagnement de A à Z. Dembéni trouve ainsi plus que jamais son rôle de capitale de l’enseignement supérieur et de l’innovation, ce qui n’est pas pour déplaire à son maire. « Nous ne sommes plus dans les discours volontaristes mais dans l’action concrète », vante-t-il notamment avec la perspective de « faire de Dembéni l’alternative à Mamoudzou ».
Des défis à la pelle donc, à l’image de cette colline qu’il faut gravir pour un coup de truelle. Et c’est encore un peu plus sur les hauteurs de Dembéni que doit s’implanter le futur bâtiment. Si la livraison est prévue d’ici deux ans, voilà déjà les ouvriers sceptiques. « Je dirai plus, trois ans », lâche l’un d’eux en ajustant les trois parpaings posés par les officiels.
Grégoire Mérot
*Coût total du projet. Le contrat de promotion immobilière s’élève à 14,8 millions d’euros dont un montant de 12,8 millions d’euros pour les travaux.
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