Après les gros titres systématiques sur les violences qui ouvrent une fenêtre biaisée de Mayotte en métropole, la presse nationale amorcerait-elle un virage ? En tout cas, saluons l’initiative de la chaine d’info en continue, LCI, qui donne des territoires ultramarins une autre vision. Pas uniquement celle des plans d’eau transparents ou des cocotiers bordant des plages de sable blanc, mais aussi celle de la chaleur de la population.
Un article de Geoffrey Lopes donne la parole à ces ultramarins venus faire leur vie en métropole. Assis entre deux territoires, ils évoquent leurs retours dans leurs îles d’origine. Pas tant de nostalgie que des odeurs, des images, une proximité entre habitants qu’ils ne retrouvent pas en métropole. Et une large part est donnée à Mayotte cette fois.
C’est Saya*, secrétaire de l’association des Mahorais d’Île-de-France, qui s’est heurtée à la différence d’approche dans la rue : “Je suis arrivée en métropole il y a 22 ans. La première année, je disais bonjour à chaque fois que je croisais quelqu’un. Les gens se demandaient ce qu’il m’arrivait. J’ai compris qu’ici, on ne dit pas bonjour comme ça, il faut connaître la personne. Chez nous, c’est automatique.”
Déficit de « tatie » en métropole
C’est encore une étudiante en région parisienne, sur le même mode : “À Mayotte, j’appelle ma voisine tatie. Dans mon quartier, tout le monde se connaît. C’est très chaleureux, chacun peut compter sur les autres. On partage tout et on est très solidaire entre nous.”
Pour Olivier le Martiniquais, c’est la 1ère bouffée à la sortie de l’avion, « En sortant sur la passerelle, on sent la chaleur nous fouetter, nous étouffer. Même s’il pleut, il fait chaud. La pluie tiède est si agréable lorsqu’elle nous tombe dessus, c’est merveilleux. »
A Paris, c’est la mer qui leur manque à tous. Que ce soit Betty La Réunionnaise, ou les fana du lagon mahorais, qui bien que « moins réputé », revient « souvent dans la bouche des locaux ». « À Mayotte, on s’y retrouve à la sortie de l’école ou du travail pour déguster des brochettes de viande et s’y prélasser ».
Spécificité socio-culturelle, le journaliste indique que « à la Réunion et à Mayotte, les autorités acceptent par exemple que les filles portent le voile à l’école ». Il s’agit plus exactement du kishali à Mayotte, à mi chemin entre la religion pour certains et un attribut culturel pour d’autres.
Alors qu’en métropole, on catégorie souvent les régions, la tchatche pour les Marseillais, le bon vin pour les bordelais, têtus pour les bretons, il est bon que les territoires ultramarins entrent aussi au palmarès !
A.P-L.
* Prénom d’emprunt
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