De l’ouverture à la fermeture des bureaux de vote, nous avons donné la parole à ceux qui ont fait le déplacement aux urnes, parfois oscillant entre espoir et résignation.
“On voit toujours les mêmes arguments”, estime Nakib, électeur à Mamoudzou. “Dans les candidats il y a des mauvais et des moyens, votons pour les moins pires. Je viens avec ma petite voix essayer de changer les choses. Les grands thèmes sur lesquels doit se pencher le conseil départemental, c’est déjà le désengorgement de Mamoudzou, puis le social, il faut encadrer tous ces jeunes livrés à eux même parce que leurs parents ont été éloignés, pour endiguer la délinquance”.
A la clôture du bureau 66, Cahïma a “voté parce que c’est un devoir citoyen de choisir nos représentants, mais je n’y crois pas trop, au final c’est tous les mêmes, c’est pour des intérêts personnels, c’est le sentiment que j’ai. J’ai lu quelques auteurs qui m’ont permis de me rendre compte qu’au final rien ne changera, comme Bourdieu qui dit que le champ politique est un champ de division et qu’au final ce sont les mêmes personnes, qui ont la même façon de penser et de diriger, en fin de compte tu n’as pas vraiment la parole et des gens décident à ta place. Même quand tu es une personne bien et que tu entres en politique, la politique te change. Là je n’y crois pas trop, peut être que ça changera dans l’avenir…”
Chaera elle, rêve pour son île de sécurité et de développement. “J’attends énormément des élus qu’il y ait du changement, et notamment un peu plus de sécurité et de développement pour Mayotte. Il faudrait essayer de mettre plus de policiers dans les communes et surtout aux alentours des écoles où la violence est ciblée” propose cette électrice.
“On commence à franchir ce cap du vote affectif”
À Bandrélé aussi, les attentes sont grandes comme en atteste Tchespa. “Le rapport avec le Département n’est plus le même que pour nos aïeux qui se sont battus afin qu’il existe, les
enjeux ont complètement changé. Il faut avancer coûte que coûte, nous manquons encore beaucoup trop d’infrastructures”, estime notamment cet entrepreneur. Lequel prévient : “il faut choisir les bonnes personnes, celles qui sont compétentes et non celles qui ne sont capables que de dire des mots doux aux oreilles des électeurs.” Une gageure selon le trentenaire, alors que “le clientélisme est encore beaucoup trop présent, les intérêts personnels passent encore devant dans beaucoup de cas et ça plombe Mayotte”, déplore-t-il, même si “ma génération est plus consciente de ça, ça commence à changer”.
Un dernier point de vue que partage Inoussa au sein du bureau centralisateur de la commune. “On commence à franchir ce cap du vote affectif, on vote dorénavant plus pour un projet ou face à un bilan”, assure-t-il. Une nécessité : “il nous faut des pointures, c’est indispensable pour, par exemple, maîtriser les dossiers européens. De manière générale il nous faut des personnes capables d’aller chercher les choses, faire bouger les lignes car nous avons encore beaucoup de chemin à faire”, fait-il valoir, ne cachant pas pour qui il roule à travers “la continuité et l’expérience”.
G.M. avec Y.D.
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