Les mouvements de grève se suivent et se ressemblent à l’ARS et au centre hospitalier de Mayotte où la CFDT a décidé cette fois d’un mouvement commun.
A l’agence régionale de santé, la revendication de longue date était une ARS de plein exercice, émancipée de La Réunion. Depuis le 1er janvier 2020, c’est chose faite. Mais le courant ne passe toujours pas entre le syndicat et la directrice Dominique Voynet, qualifiée de “politicienne” par le délégué CFDT Kamalidine Dahalani selon qui “elle gère l’ARS comme on gère un parti politique”. Le représentant du personnel résume ses revendications en quatre grands axes. La gouvernance d’abord, que le personnel voudrait plus participative. Déjà en octobre 2020, les grévistes réclamaient plus de cadres mahorais. Aujourd’hui, la revendication porte aussi sur une participation des Mahorais sur “ce qu’on veut à Mayotte comme santé”, en d’autres termes, une politique de santé qui soit définie avec davantage de concertation avec les habitants. Plus de participation pour le syndicaliste, c’est aussi plus de transparence. Alors que le budget de l’ARS a plus que triplé en quelques années pour atteindre quelque 30 millions d’euros l’année dernière, les grévistes voudraient plus de visibilité sur l’usage fait de ces fonds, et notamment l’usage qui est fait des enveloppes allouées aux associations qui répondent à des marchés publics en matière de santé.
Situation préoccupante au service psychiatrie
Un point sur lequel le rejoint Ousseni Balahachi qui s’inquiète de la situation “qui s’est aggravée” dans le service psychiatrie du CHM où plusieurs membres du personnel soignants ont claqué la porte explique-t-il. L’idée d’un appel à projet visant à externaliser ce service le conduit aussi à réclamer de meilleures infrastructures, notamment des nouvelles du 2e hôpital promis par Emmanuel Macron lors de sa visite, mais aussi une meilleure offre de formation sur le territoire. A l’ARS comme au CHM, le syndicat s’accorde sur le fait qu’une formation locale de médecins et de davantage d’infirmier(e)s réduirait le turn-over et améliorerait l’offre de soins.
C’est déjà le pari qui est fait par les acteurs de la formation professionnelle qui misent sur la formation locale pour répondre aux besoins du territoire et fidéliser les agents. Le reste dépendrait d’un nouveau Plan régional de santé (PRS), l’actuel ayant été rédigé pour coller à une ARS Océan Indien commune avec La Réunion. En octobre, Dominique Voynet expliquait déjà privilégier la lutte contre la Covid à la rédaction d’un document de “2000 pages” qui prendrait “des mois” et sur lequel le ministère a été invité à se prononcer.
En avril, un autre appel à la grève réclamait que “les Mahorais” soient davantage “maîtres de leur avenir”. Là encore la directrice avait contesté les accusations tout en regrettant des difficultés à nouer le dialogue. “Quand je suis arrivée, l’agence ne comptait qu’un seul chef de service mahorais, il y en a 7 actuellement” expliquait-elle alors, réfutant toute discrimination dans les postes d’encadrement. Tout en rappelant qu’une ARS “c’est le bras armé de l’Etat en matière de santé. Il ne viendrait à personne l’idée de dire ‘la préfecture aux Mahorais'”.
Aux mêmes revendications les mêmes réponses
Des réponses qui n’ont pas changé puisque les revendications n’ont “pas du tout changé” note Dominique Voynet qui compte à l’ARS “14 grévistes”, qui “ni la semaine dernière ni cette semaine n’ont souhaité me rencontrer” regrette-t-elle.
“Je leur ai laissé un message pour dire que je ne comprends pas qu’ils ne viennent pas discuter dans mon bureau avant la grève, quand on peut régler les problèmes avant de se disputer c’est mieux. Les seuls qui ne viennent jamais me parler, c’est la CFDT, je ne m’explique pas cette situation.”
Et de souligner qu’à l’ARS, “on a élaboré un plan territorial de santé mentale à Mayotte, il y a eu un conflit au CHM entre des médecins et des cadres de santé, ça doit être réglé au niveau du directeur du CHM, mais on a recruté les professionnels qui permettent de passer l’été et on travaille sur un pôle de santé mentale à l’hôpital en lien avec La Réunion. En Guyane non plus il n’y a pas de pôle de santé mentale” développe-t-elle. Elle ajoute enfin qu’une réunion de travail est prévue ce vendredi avec “trois syndicats sur quatre. Je fais mon job, j’anime le dialogue social à l’ARS, le dialogue social c’est tous les jours, pas seulement les lendemains de grève.”
Y.D.
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