“Nous estimons que l’urgence de la crise de l’eau qui s’aggrave à Mayotte, le déficit abyssal du SMEAM et les impayés aux entreprises ne justifient pas le don aveugle de 15 millions d’euros d’argent public”, fait valoir le Collectif des citoyens de Mayotte à l’appui de son recours en excès de pouvoir visant à faire annuler cette même subvention.
“Alors que rien ne vient expliquer le trou de 35 millions d’euros du SMEAM et que la Cour des Comptes a dénoncé l’opacité et l’irrégularité des comptes du Syndicat, le CD a décidé de jouer au Père Noël en comblant le déficit pour aider à régler les factures impayées à certaines entreprises. La légalité de cette opération nous interroge puisque le droit interdit les subventions masquées aux entreprises, la rupture d’égalité entre elles et ne donne pas compétence au Département pour agir dans le secteur de l’eau, encore moins en dehors d’investissement”, soulève encore l’association.
Fin mars, à l’annonce de la décision de soutien du Département au Smeam, l’heure était pourtant au soulagement du côté du syndicat des eaux. Lequel, à travers sa nouvelle équipe, n’a pas cessé de dénoncer les agissements des précédents maîtres à bord,
responsables selon elle d’avoir coulé le bateau. Résultat, les différents impayés du syndicat aux entreprises bloquaient nombre de chantiers pourtant urgents.
Aide au redémarrage des chantiers et levier de subventions
« Il serait fastidieux de lister tous les chantiers mis en attente. Toutes les entreprises refusaient de travailler avec le Smeam tant que leurs dettes n’étaient pas réglées », expliquait ainsi dans nos colonnes le directeur général des services, Ibrahim Aboubacar. Le chèque départemental devait également permettre “de réamorcer la pompe permettant de demander des subventions. Et de manière générale de solidifier le plan de redressement qui est aujourd’hui sur la table. Sans cette somme, nous aurions de grandes difficultés à trouver des partenaires financiers pour nous accompagner », indiquait par ailleurs le cadre.
Des arguments que n’entend pas le Collectif mais qui devra toutefois prouver son intérêt à agir devant le juge administratif. “Nous refusons que Mayotte paie deux fois l’eau qui n’est pas dans nos robinets: nous payons une première fois comme clients et nous devrions payer une seconde fois comme contribuables via cette subvention du Conseil Général”, soutient encore l’association.
Aujourd’hui sous perfusion de l’État, et donc de “l’argent des contribuables”, avec des marges de manoeuvres plus que limitées, difficile d’imaginer le syndicat des eaux relever la tête et donc mener les chantiers dont l’île a besoin en urgence s’il se voyait amputé de cette subvention. Reste à prouver qu’avec ladite somme, la tendance est à l’inversion.
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