L’élection du futur président du conseil départemental est-elle déjà jouée ? Hier, tous les scénarios restaient dans les tiroirs, et les élus que nous avons tenté de joindre depuis lundi n’ont pas répondu à nos appels. Selon nos informations cependant, les discussions se poursuivaient en coulisse pour tenter de construire une majorité.
Un travail ardu, alors que le poste est vaillamment convoité par plusieurs ténors de la politique locale. Mansour Kamardine et Ben Issa Ousseni pourraient diviser les sympathisants des Républicains, Daniel Zaïdani pourrait rebuter les partisans du renouveau. Et pour Issa Issa Abdou, candidat malheureux à sa réélection, ce grand flou est une première.
“En 2015 on avait une majorité autour de Soibahadine le lundi soir et on ne s’est pas quittés jusqu’à l’élection le jeudi. Je savais alors que je serais 4e vice président. Il fallait le cacher jusque là, car on n’est pas à l’abri des coups foireux. On a dû changer d’hôtel deux fois, et trouver des endroit stratégique loin des hôtels comme une maison à Bandraboua. A l’heure actuelle, ce qui m’inquiète un peu de ce que je comprends, c’est que ce n’est pas stabilisé, on n’a pas cette majorité ferme, protégée et cachée pour que jeudi ça se passe bien. Là où il y a 6 ans c’était clair, ici on pourrait au bout du bout avoir un président par défaut ou quelqu’un qu’on n’attendait pas et qui surgirait de nulle part, avec dans ces cas là le risque d’élire quelqu’un de mal préparé alors qu’on parle de l’avenir de Mayotte”.
Pour l’ancien élu, c’est tout un “psychodrame” qui se joue “en coulisse”.
“Par expérience je sais que ce sont des moments compliqués, je me souviens de 2015, c’était ma première élection et on est étonné par ce qui se passe parce qu’on essaye de constituer une majorité mais on n’est pas loin de la séquestration, on ne vous fait pas confiance, ceux qui veulent déstabiliser la majorité peuvent vous contacter par téléphone etc. C’est l’expérience que j’ai connue en 2015 et c’est un peu ce qui se passe en ce moment. C’est compliqué, entre les bluffs, les effets psychologiques et ceux qui emportent vraiment la majorité, c’est le jeu”.
Un jeu toutefois peu lisible pour les électeurs estime l’ancien 4e vice président du CD qui pointe des candidatures et des programmes politiques propres à chaque canton, sans forcément de vision globale pour le département. “Là, j’ai défendu un projet à Dembéni, Mansour Kamardine en a défendu un autre à Sada, comment on fait ? Au bout du bout on se retrouve avec un président dont chaque membre de l’équipe aura son propre projet ? Pour l’avenir de ce territoire il faut sortir de ce jeu insupportable qui stresse tout le monde, on ne rend pas service au territoire. C’est pour ça que j’ai défendu le toilettage institutionnel : avec un scrutin régional par liste, la tête de liste devient président et a cette légitimité, c’est plus clair. C’est l’un des grands enjeux de la prochaine mandature, il faut que le mode de scrutin régional devienne une réalité ici pour avoir une ligne claire, une vision claire, et un projet auquel les Mahorais vont adhérer sans tromperie au final”.
Si l’élection du nouveau président devait manquer de fluidité, ou si le résultat donnait une majorité manquant de cohérence, cela pourrait renforcer ce plaidoyer pour un changement de mode de scrutin, peut être plus cohérent avec les compétences régionales du Département de Mayotte, et en tout cas, bien plus compréhensible pour les électeurs qui se sont largement mobilisés.
Y.D.
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