L’ambassadrice de France aux Comores, Jacqueline Bassa-Mazzoni, et le ministre de l’Education nationale des Comores, Moindjié Mohamed Moussa, ont annoncé, lundi 19 juillet “un grand projet” de réhabilitation de 45 établissements d’enseignement pour un montant total de 20 millions d’euros (près de 10 milliards de francs comoriens). Ce projet est la composante “Education” du Projet de développement France-Comores (PDFC).
Une convention de financement a été actée par l’ambassadrice et le ministre comorien des Finances, Said Ali Said Chayhane au cours d’une cérémonie à laquelle avaient pris part Jean-Benoît Perrot-Minnot, directeur par intérim de l’Agence française de développement (Afd) et de nombreux cadres comoriens en charge de l’Education.
Quatre lycées dont deux à Ndzuani (Anjouan), 22 écoles primaires et 19 collèges seront entièrement rénovés et dotés de l’ensemble des outils et autres infrastructures. “Le projet d’amélioration de l’environnement scolaire permettra la réhabilitation globale des infrastructures d’environ 45 établissements publics du primaire, du collège et du lycée repartis sur l’ensemble des îles dont les quatre lycées de référence de Fomboni, Mutsamudu, Domoni et Moroni”, souligne un communiqué de presse.
La convention signée permettra d’assurer “la réhabilitation du bâti, la construction de locaux manquants, la mise à niveau de l’accès à l’eau et à l’assainissement, la gestion des déchets, l’aménagement d’espaces extérieurs”, selon le communiqué qui ajoute “la création de bibliothèques et de salles de travaux pratiques ou de laboratoires” dans le but de répondre “aux meilleurs standards en termes de construction bioclimatique et de résilience au changement climatique”.
La problématique de la formation technique des jeunes se pose avec acuité
L’ambassadrice de France a rappelé les engagements de la France contenus dans le Document cadre pour le partenariat (DCP) signé à Paris, le 22 juillet 2019, par les gouvernements français et comorien. Les deux parties se sont engagées à impulser une dynamique nouvelle de leur coopération en misant beaucoup sur le renforcement du capital humain, l’une des conditions préalables à l’amorce d’une politique de promotion de l’emploi aux Comores.
Le taux de chômage aux Comores est estimé à “40%” pour les 25-35 ans, d’après les dernières statistiques officielles de la Banque mondiale. Pour de nombreux spécialistes comoriens, la problématique du chômage aux Comores ne peut pas être réglée sans des solutions nouvelles sur la formation des jeunes.
Les autorités éducatives comoriennes veulent ainsi concentrer leurs efforts dans la formation technique et professionnelle en permettant une chance aux jeunes de mieux s’orienter vers des métiers pour pouvoir mieux réussir leur intégration dans les milieux professionnels. Le pays compte quelque “93 structures privées de formation technique et professionnelle dont 23 à Ndzuani (Anjouan) et 70 à Ngazidja (Grande Comore)”, d’après des sources du ministère de l’Education nationale. Mais toujours est-il que les cours ne permettent pas l’acquisition des connaissances pratiques.
L’Union des Comores dispose d’une école de pêche, d’un centre horticole et d’un institut universitaire des technologies (IUT) à l’Université des Comores. Mais le pays manque cruellement des centres de formations techniques spécialisées susceptibles d’offrir de techniciens supérieurs qualifiés dans de nombreux domaines.
Le projet, porté par le gouvernement comorien et financé par l’Agence Française de Développement (AFD), va donc répondre à ce besoin de former des jeunes aux métiers à partir du collège et pousser les jeunes lycéens à mieux faire leurs choix sur des métiers dans la plomberie, l’électricité, la couture, la mécanique auto, le bâtiment, la maintenance, entre autres.
Déjà, un autre projet financé par l’Union européenne à hauteur de 6,6 millions d’euros a permis de préparer le terrain de la formation en mobilisant le curricula nécessaire et les autres supports pédagogiques pour offrir aux établissements les programmes d’enseignement technique.
Vers la création d’un Bac Pro en 2025
Le Projet d’appui à la formation technique et professionnelle (PAFTP), exécuté depuis 2014, a été mis en œuvre dans le cadre de la Stratégie de développement de la Formation Technique et Professionnelle (SDFTP) validée en 2012 par le gouvernement comorien et qui a abouti à l’adoption, en juillet 2013, de la “Loi d’Orientation de la formation technique et professionnelle (LOFTP)”.
Le but recherché est d’accompagner les jeunes “dans le processus d’insertion à la vie active” avec l’idée de “former plus de 10 000 jeunes d’ici à 2035” et les encourager “dans une voie de qualification de type professionnelle”. On parle ainsi d’un Bac pro d’ici à 2025. “C’est notre ambition. Nous voulons privilégier les filières techniques et scientifiques car le pays en a fortement besoin pour réussir sa politique de développement et répondre véritablement à la problématique du chômage des jeunes”, a précisé le ministre de l’Education nationale comorien, Moindjié Mohamed Moussa.
À travers la convention signée le 19 juillet, les Comores, avec l’appui de la France, souhaitent donc esquisser des programmes de formations techniques spécifiques et délivrer, soit à partir du collège, soit à partir du lycée “des Brevets de techniciens supérieurs (BTS) et un Diplôme de Qualification Professionnelle (DQP), soit sous la forme d’une formation de 2 ans aboutissant au Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP)”.
Parmi les chantiers retenus dans le Projet d’appui à l’amélioration de l’environnement scolaire (PAES), il y a la réhabilitation du plus grand lycée du pays, le lycée Said Mohamed Cheikh, construit en 1957, et qui a formé la première élite du pays. Le projet de réhabilitation de ces 45 établissements va durer quatre ans, d’après le coordinateur national, Bourhane Nourdine. “Il s’agit de l’un des plus importants programmes d’infrastructures scolaires jamais mis en œuvre en Union des Comores”, a souligné l’ambassadrice Jacqueline Bassa-Mazzoni.
A.S.Kemba, Moroni (Correspondance)
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