Deux visions de l’affaire s’affrontaient ce mercredi au tribunal judiciaire de Mamoudzou, pour ces faits vieux de près de 6 ans. D’un côté, l’ancien professeur aujourd’hui quadragénaire évoque une “relation” dans un contexte de “faiblesse psychologique” suite à sa “fracture du péroné”. Cette blessure l’aurait conduit à accepter l’aide d’une élève du collège de M’gombani où il enseignait, et qui était aussi sa voisine. Une aide matérielle qui “au fur et à mesure” a dérapé, relate-t-il, refusant d’entrer dans les détails de ce glissement sordide. Sordide car la relation que l’ancien prof a entretenue avec l’adolescente peine à l’audience à se montrer romantique. “Le premier rapport était anal” note le président Ben Kemoun. Le prévenu baisse la tête et acquiesce. Même réaction quand le tribunal rappelle que les ébats étaient filmés. Lors de la perquisition, de “nombreux objets érotiques” sont retrouvés.
Quand l’affaire éclate en 2016, des dizaines d’élèves sont entendues. L’homme est décrit comme un “séducteur” par “tout le personnel féminin”. Il aurait aussi “fait des avances à plein de gamines” relate le président d’audience, citant l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction.
Outre ses “regards concupiscents sans parler de mains baladeuses”, un constat émerge des auditions menées : “tout le monde le savait au collège de MGombani qu’il y avait cette histoire entre monsieur et la gosse de moins de 15 ans”
“Pas de l’amour, de la domination”
Alors pour le parquet, incarné par Ludovic Folliet, l’histoire de l’amourette entre le prof et l’élève ne tient pas. “Le problème c’est que M. il avait une position d’ascendant. Il n’y a pas d’amour là dedans, c’est de la domination. A quelqu’un comme vous on confie des enfants pour être leur enseignant ? Ca fait peur !” Le substitut demande 5 ans de prison, avec sursis vu l’ancienneté des faits, et la “réinsertion” affichée par le prévenu.
Celui-ci a en effet quitté l’éducation, et il l’assure “je ne recommencerai jamais, c’est trop honteux et trop grave”. L’avocat de ce père de trois enfants, aujourd’hui du même âge que l’élève à l’époque des faits, appuie la démarche. “En se mettant à la place de sa victime je l’ai senti meurtri, rempli de regrets et de honte du passé”.
Le tribunal a suivi les réquisitions, en prononçant 5 ans de détention avec sursis pour atteinte sexuelle sur mineure de 15 ans, et l’interdiction définitive de toute activité professionnelle ou bénévole en contact avec des enfants.
Y.D.
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