En métropole, les homicides conjugaux restent nombreux, et beaucoup s’avèrent précédés de nombreuses plaintes et autres mains courantes. La justice à Mayotte n’a pas sans doute pas voulu être la juridiction qui allait laisser passer les alertes d’une mère de famille avant qu’il ne soit trop tard.
En juillet, cette maman a porté plainte contre son époux suite à une bagarre les ayant opposés en juin. A cette occasion, l’homme aurait saisi la dame par le cou, avant de la traîner au sol, déchirant ses vêtements et occasionnant diverses blessures qui ont valu à la femme 9 jours d’ITT. Des blessures au cou et au vagin témoignent de la violence de l’altercation.
Selon les éléments évoqués à l’audience de vendredi, à laquelle l’homme n’a pas daigné se présenter, le couple est habitué aux violences et à une consommation importante d’alcool. Mais c’est bien l’homme qui a été condamné pour violences conjugales en 2018, et qui a fait l’objet depuis de 5 mains courantes.
Comme bien souvent, à l’audience, la victime a tenté de “retirer [sa] plainte”, craignant pour l’avenir de ses enfants. “c’est lui qui pourvoit à leurs besoins, s’il de désiste à assumer les besoins des enfants, j’ai peur de ne pas m’en sortir” a expliqué en substance la maman à la barre.
Alors que l’homme l’avait contacté la veille en dépit d’un contrôle judiciaire interdisant tout contact, les juges ont craint qu’il n’ait fait pression sur elle en la menaçant au porte-monnaie, ce qu’elle a nié.
“J’ai retiré ma plainte parce que depuis les faits il a arrêté sa consommation d’alcool après le 27 juin” assure-t-elle sans sembler totalement convaincre.
Face à ce profil inquiétant, et à l’absence du prévenu à la barre, le procureur a requis 6 mois de prison ferme. Les juges sont allés bien au delà, en condamnant l’intéressé à 18 mois et en émettant un mandat d’arrêt à son encontre, synonyme d’incarcération dès son interpellation.
“Subvenir aux besoins de ses enfants est une obligation” a toutefois rappelé la présidente, excluant de fait tout “chantage” sur les enfants. L’abandon de famille (qualification qui peut être retenue en cas de non versement de pension alimentaire) est un autre délit, passible lui de 2 ans de prison, qui risquerait le cas échéant de s’ajouter aux cinq condamnations antérieures du prévenu.
Y.D.
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