Ce n’est pas sans raison que la couveuse Oudjerebou (traduire ‘oser’) a retenu la commune de Koungou comme une des trois destinataires de son opération « Mon quartier entreprend », avec Kani Keli et Mamoudzou. Ils sont en effet une trentaine à avoir été repéré par Djamil Abdallah, Chargé de mission insertion, emploi et développement économique à la mairie, et à être suivis par la couveuse.
Pour répondre à l’opération « Mon quartier entreprend », il fallait avoir une idée précise de la création de son projet, et suivre une semaine de formation, à l’étude de marché, à l’étude de business plan, à monter des budgets prévisionnels, à trouver son identité visuelle et enfin, pour voir « pitcher » (défendre) son projet pendant 5 minutes devant un jury. « Parce qu’il faut savoir défendre son projet efficacement pour devenir chef d’entreprise », lance Nadjima Ahmed, directrice d’Oudjerebou. Et à ce compte là, ils sont 8 à avoir suivi le cursus, et 3 à être récompensés par un prix.
Partenaire de la couveuse, dont le dynamisme des équipes était souligné, Pôle emploi a signé une convention l’engageant à accompagner l’ensemble de ses actions sur le territoire. Le directeur territorial Christian Saint-Etienne était présent. Pour la présidente d’Oudjerebou Farrah Hafidou, qui défend avec constance les femmes entrepreneurs, ces candidats sont « l’espoir de l’avenir de Mayotte. Tant est si bien que le jury a débattu longuement pour vous départager. » Ils recevaient tous une attestation de formation, et les trois lauréats étaient récompensés, choisis par le jury composé de Pôle emploi, d’un représentant de la commune, de Oudjerebou et de l’Adie, qui a déjà octroyé des prêts aux plus dynamiques.
Des bénéfices qui ne s’évadent pas hors des frontières
Grâce aux partenaires dont Adie, BGE, CRESS, Tafara, CCI, Pôle emploi, May Papet, Koropa piscine, ou la commune de Koungou, des prix étaient remis. La lauréate Maanmoune Assiati, lance une application culinaire 100% mahoraise, « je voulais mettre en valeur notre cuisine, et qu’elle soit diffusée partout dans le monde ».
En 2ème place, l’initiative d’Abdallah Elamine a été saluée pour sa création d’une société de Transfert d’argent à Mayotte. Ce doctorant en Histoire nous explique sa démarche : « ici, nous n’avons que des agences comme Western Union ou MoneyGram, dont les bénéfices repartent du territoire, notamment vers les Etats-Unis. Or, dans les pays africains, il y a beaucoup de transferts d’argent, notamment d’un territoire à l’autre, je veux créer une agence ici, et régionaliser en implantant des agences ailleurs. Je dois avant mettre en place des partenariats avec des institutions publiques et privées. »
Enfin, c’est un projet de massage thérapeutique que veut mener à bien Vierge Rufine, « j’ai un don qui vient de mon grand-père, je sens les douleurs et je parviens à débloquer les personnes qui viennent me voir. »
Un prix spécial était décerné à une jeune femme toute timide, Ridhoine Alima, « depuis qu’elle a 10 ans, elle coud des vêtements traditionnels. Elle le faisait de façon informelle jusqu’à présent, mais nous l’avons accompagnée pour qu’elle régularise son activité, » souligne Djamil Abdallah. Emue par ce parcours, une ancienne « couvée » par Oudjerebou se levait de son siège pour annoncer lui offrir une machine à coudre. Moment d’émotion intense pour l’intéressée qui va pouvoir doper son activité.
Une séquence qui dynamise l’image de la mairie et de la commune de Koungou, dont on souhaite que chaque quartier fasse naître des entrepreneurs en herbe.
Anne Perzo-Lafond
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