Cette année, la nouveauté tient dans la délocalisation de l’événement qui va se tenir en simultané à Tananarive (Madagascar) et devait l’être à Moroni (Comores), fermeture des frontières oblige. Jusqu’à présent, les pays voisins étaient présents à travers leurs propres artisans, qui furent jusqu’à 140 sur place en 2019, mais la crise sanitaire a changé la donne. Cette transplantation dans les deux pays participants a mis en lumière les difficultés d’échanges dès lors qu’on touche aux symboles politiques, puisque les Comores ont décliné, ne voulant pas afficher le logo du conseil départemental de Mayotte dans les rues de Moroni, ni celui de l’Interreg, ce fonds européens de coopération impliquant Mayotte, Madagascar et les Comores. C’est un peu comme si la Grande Ile avait refusé de participer en raison des tensions avec la France sur les Glorieuses (Iles Eparses). Ce fonds Interreg dont l’objectif est d’atténuer le fossé de richesse entre les territoires régionaux, attend d’avoir de meilleurs jours devant lui.
Parmi les stands, on retrouvera nos fidèles Touch’du bois, qui expose son tour à bois, qui donne naissance aux fameux stylos issus des bois exotiques exposés, cocotier, takamaka, litchier, palmier noir, etc. Surtout que Marlène Fraytag, a décroché le diplôme d’artisan d’art cette année. Mais aussi Terre de Rose bien sûr, et ses bougies à la cire anti-rhumatisme, nostalgique de l’opération de coopération régionale initiée il y a deux ans par l’ADIM (Agence de Développement et d’Investissement de Mayotte), lancée par l’actuel président Ben Issa Ousseni, « j’y avais noué des partenariats ce qui me permet d’acheter de la matière première à Madagascar et de la transformer ici », explique Houdjati Asman. Elle fait également travailler Conflit à Dembéni qui lui confectionne des paniers.
C’est la wax qu’elle préfère
Ils ont fait la Une du magazine Produire en France : les bijoux en béton de Lodo Factory sont une création artisanale utilisant différents matériaux, du ciment, des languettes de canettes, du manguier, des noix de coco. A côté, Amina Housseine Dahalani, gérante d’Assul couture, la créatrice de modèles de robe uniques, du sur mesure, et qui s’approvisionnait dans la région. Nous l’avons interrogé sur le contexte : « J’utilise beaucoup le wax dans mes créations, et le pays de référence dans ce domaine, c’est la Tanzanie. Pourtant, c’est moins cher pour moi d’aller les chercher à Paris, je ne comprends pas pourquoi la coopération régionale est aussi compliquée. »
Autre secteur, autres problèmes : la transformation et la production de fruits en confitures, achards ou épices du Jardin d’Eden a subi les contrecoups de la fermeture des frontières : « Avant, nous passions des commandes groupés, mais actuellement, je suis obligée d’acheter les bocaux et les pots au prix fort chez CTam ou Ballou », ce qui aura un impact sur les prix.
Au cœur du 8ème Forum, la brique de terre comprimée est mise à l’honneur. Labellisé ATEx, pour Appréciation Technique d’Expérimentation, en 2018, le Bloc de Terre Comprimée (BTC) ouvrait de nouvelles voies de construction sur un territoire où les matériaux coutent 35% plus cher qu’en métropole. Il a fallu pour cela accompagner les producteurs, et la filière est encore à structurer, comme nous l’explique Danjee Goulamhoussen, Gérant trésorier de la Coopérative de BTC de Mayotte : « Il y a majoritairement davantage de fabricants, peu sont capables d’effectuer la pose des briques, on organise la filière. En conséquence, lorsque nous avons répondu au projet du lycée de Longoni, qui propose 41 lots, nous avons demandé de séparer la production de la pose. Nous allons les former à la pose, mais nous avons besoin de ressources pour ça. »
Au gré du salon qui s’ouvre ce mardi aux visiteurs, vous pourrez découvrir de nouveaux objets d’art, comme cette peinture sur porcelaine et sur céramique, avec possibilités de commander des assiettes personnalisées. Il reste ouvert toute la semaine.
Voir le Programme 8ème Forum International artisanat
Anne Perzo-Lafond
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