« On ne s’attendait pas vraiment à ça, on va devoir organiser d’autres réunions », confie Cindy Ardin. De l’autre côté de la porte vitrée, une quarantaine de femmes s’impatiente devant les locaux de Pôle emploi. « On avait prévu deux réunions de 23 personnes mais on a déjà plus de 80 autres personnes sur liste d’attente », poursuit la responsable de l’opération du jour : une réunion d’information sur le métier d’assistant(e) maternel(le) à destination de demandeurs d’emploi. Pour Kifia Néimati, c’est avant tout cela l’urgence : « trouver un travail parce que c’est la galère », explique la jeune femme dans les allées brulantes du centre Kinga. Pour celle qui a quitté l’école en troisième, le message reçu par son conseiller Pôle emploi ne sera pas resté longtemps sans réponse. « J’ai déjà deux enfants, je garde souvent les enfants des autres, je sais faire alors j’ai foncé », poursuit Kifia Néimati qui trouverait peut-être là son premier emploi officiel.
Un besoin de 3000 professionnels
Si, comme elle, nombre de femmes ici présentes se disent pressées de trouver un travail, reste qu’il faudra encore patienter avant de pouvoir, éventuellement, officier en tant qu’assistante maternnelle. « On espère que la formation se mettra rapidement en place », indique ainsi Adidja Chaduli du bureau de la petite enfance à la PMI et qui partage l’impatience des demandeuses d’emploi. « On se bat depuis des années pour mettre ça en place, maintenant il faut que le reste suive », poursuit l’éducatrice jeunes enfants. « Ça », c’est la mise en activité d’ « au moins » 1500 assistantes familiales sur l’île.
Un chiffre colossal, encore gonflé par les estimations du Département – également à la manoeuvre dans cette opération – en termes de besoin et tablant sur 3000 personnes. Un chantier d’autant plus grand qu’à cette heure, seules sept assistantes familiales officient… D’autres sont bien bénéficiaires d’un agrément mais n’ont jamais été formées confie-t-on. C’est donc un triptyque qui doit être mis en place : le recrutement de profils par Pôle emploi, une formation professionnelle, puis l’obtention de l’agrément par la PMI après entretiens et visites à domicile.
Une solution « bien adaptée au territoire »
Pour l’heure, le mystère plane donc encore sur ce second élément. Il faudra également faire le tour des aides disponibles, par exemple pour la mise en conformité du logement. Même si, là encore, on s’adapte. « On ne va pas utiliser à la lettre les mêmes critères qu’en métropole par exemple, il faut s’adapter à la réalité sinon on aurait personne ! », sourit
Adidja Chaduli avant de reprendre : « l’important c’est que le lieu soit sécurisé, qu’il y ait des barrières dans les escaliers, que les enfants ne puissent accéder aux produits ou objets dangereux etc. »
« C’est une des solutions, on manque encore de crèches, de professionnels comme les éducateurs jeunes enfants alors pour l’heure on essaie de mettre ce réseau en place qui semble bien adapté au territoire, les gens ont l’habitude de confier leurs enfants à leurs voisins ou à des proches, dorénavant ce sera chez des professionnels », poursuit l’éducatrice de la PMI. « C’est aussi idéal pour ceux qui travaillent la nuit », ajoute sa collègue avant que la réunion ne commence. Une vingtaine de femmes a pris place dans les locaux, les autres attendront la prochaine session, trois-quart d’heure après. Mais si l’engouement semble partagé par toutes les parties prenantes, tous devront encore attendre un peu.
Grégoire Mérot
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