Joie et soulagement étaient palpables ce lundi matin pour la rentrée. Ces deux semaines de vacances ont permis une réflexion en profondeur sur les causes des caillassages que subissent trop souvent les conducteurs de cars, ainsi que les violences à proximité des établissements.
Négocié vendredi en présence de la sous-préfète, directrice de cabinet du préfet, Laurence Carval, l’accord de reprise du travail comporte plusieurs volets, qui traient les causes comme les symptômes. Pour ces derniers, pas de miracle, face aux violences il fallait une présence forte. Des dizaines de policiers et gendarmes étaient mobilisés, ainsi que le personnel de l’Education nationale et des communes. Bilan, 83 bus et 3193 élèves contrôlés, 78 sans titre de transport, dont un porteur d’une arme blanche.
Le volet sécuritaire a donc bien été mis en place ce lundi. “A Doumonié, et à Kahani, on a constaté une grosse présence des forces de l’ordre” confirme le recteur qui s’est rendu à Dzoumonié. Il souligne aussi “de la joie dans ces endroits qui sont les plus touchés, vous ne pouvez pas savoir à quel point le proviseur du lycée de Dzoumonié était content de retrouver ses élèves. On a perdu 2 semaines, maintenant on va mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard” assure le chef du rectorat.
“Quand on balance un caillou, on est dans une tentative de meurtre”
Mais plus de képis ne suffit pas.
“Ce qu’on a rajouté”, explique le recteur Gilles Halbout, “c’est un accompagnement psychologique rapide des transporteurs victimes de caillassages, on met aussi une structure de suivi et d’alerte qui évite de perdre 2 ou 3 semaines avant que les choses repartent, un peu à l’image des commissions hygiène et sécurité qu’on a dans les établissements. On nous a demandé aussi un gros travail d’éducation dans les établissements, il ne suffit plus de dire que ces jeunes sont extérieurs, on sait que ce sont les mêmes qui sont dedans plus ou moins sages et qui dehors caillassent ou font d’autres exactions. On fait un travail renforcé autour des valeurs de vivre ensemble, et de la portée de ces actes. Quand on balance un caillou, on est dans une tentative de meurtre, ce n’est pas un acte anodin. Les chauffeurs ont beaucoup insisté là dessus”.
Sur le plan éducatif, le travail a commencé pendant les vacances, à l’école ouverte, notamment avec les jeunes de Combani et Miréréni.
“J’étais pour les mêmes raisons au collège de Tsingoni où en plus de la question des bus, il y avait celle des élèves bloqués à Miréréni, et là pareil tout le monde était là” salue le recteur. “On a fait un gros travail d’accompagnement pendant les vacances, on a profité de l’école ouverte pour faire venir les enfants de Miréréni et Combani dans les collèges, et mené un travail avec les associations et les familles et ce matin tout était lisse.”
Un accord professionnel pour les agents de transport scolaire
Les contrôles renforcés devraient être maintenus sur le long terme. Dans les transports scolaires, des moyens techniques -vidéo, GPS, vitres anti-agression etc.- sont prévus à grande échelle. L’accompagnement des transporteurs scolaires devrait aussi passer par une convention collective qui leur sera dédiée avec notamment une meilleure prévoyance santé et un dispositif renforcé de prévention des risques professionnels. De leur côté, les conducteurs s’engagent à remonter les informations, à porter plainte systématiquement -ils bénéficieront d’un “circuit de traitement prioritaire”, sans préjudice de leur droit de grève et de droit de retrait à condition de respecter les “conditions légales”.
Par ailleurs, “l’ensemble” des acteurs s’est engagé à mener conjointement un travail sur la parentalité, et la responsabilité des adultes “lors de méfaits commis par des mineurs sous leur responsabilité”.
Une approche multiple pour un problème complexe et récurrent, qui pourrait bien enfin faire bouger les lignes.
Y.D.
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