Les visiteurs du cru étaient tous interloqués en regardant la route qui monte depuis le rond-point du M’biwi : des rangées de petits immeubles coquets s’élancent de part et d’autres, et contournent jusqu’à l’arrière du bâtiment de Mayotte la 1ère. « Cela aura mis du temps, mais là, ces constructions vont servir de référence, les habitants vont commencer à y croire ! », s’exclame Magoma Hamidani, Adjoint au maire de Mamoudzou chargé des projets structurant.
Du temps, la ZAC (Zone d’Aménagement Concertée) du Soleil levant (ex-Hamaha) en a mis pour sortir de terre ! Le projet date de 2008, et en 2013, l’ancien directeur de la SIM Mahamoud Azihary, l’avait détaillé, plans scotchés au mur. Depuis, les choses avaient trainé en longueur. Faute d’aménageur et d’investissement à la hauteur. Depuis, la CDC Habitat (branche de la Caisse Des dépôts) s’est invitée au capital de la Société Immobilière de Mayotte (SIM), à hauteur de 64% des 9,6 millions d’euros, les collectivités dont le conseil départemental, en détenant 32%.
Et ce mardi, la présidente du directoire de CDC Habitat, Anne-Sophie Grave, était sur le site pour visiter les réalisations, et signer une convention avec la mairie de Mamoudzou. A la SIM la réalisation des immeubles, « nous livrons 185 logements en location très sociale sur 4 immeubles, Juwa (soleil), Hawa (air), Nyora (étoile), Mwezi (lune) », nous explique Estelle Rousseaux, Chargée de projet aménagement de la ZAC à la SIM. Et à la mairie de Mamoudzou l’aménagement de la zone, « nous aurons un mini-stade, une mosquée, une maison de quartier et une école T24 en plus de 3 ou 4 aires de jeux », décrit Magoma Hamidani. Le maire a délégué à la SIM l’aménagement par une concession. Le bailleur social, dirigé par Ahmed Ali Mondroha recevait d’ailleurs les félicitations de son actionnaire majoritaire, « j’ai noté le vrai savoir-faire des équipes de la SIM, car construire à Mayotte, entre aléas naturel, problèmes de fonciers et de partenariats, ce n’est pas simple ! », saluait Anne-Sophie Grave.
Le nez sur la carte des vents
Sur nos 374 km2, la démographie galopante contraint la densité, il faut s’élever vers les hauteurs pour continuer à proposer des logements. Pas question pour autant d’implanter les barres d’immeubles façon années 70 en métropole, « le cahier des charges nous imposait une image bioclimatique qualitative », énonce l’architecte Stéphane Aimé, Tand’M. Ce qui se traduit par un bardage extérieur en bois, « importé de métropole, mais posé par des compétences locales », des « jardins climatiques », et une ventilation naturelle qui semble plus convaincante que celle appliquée dans les MJC. Il fait bon, alors que le soleil est vif en cette mi-novembre, « nous avons aussi installé des varangues avec aération de part et d’autres ». Lors de la conception, l’architecte a même le nez sur la carte des vents avec les deux saisons marquantes, « mais il nous faudrait une station météo sur Grande terre aussi pour davantage de précisions ». Important en effet de ne pas réitérer les risques de déluge qui s’abat sur l’aéroport à certaines périodes de l’année.
Des bâtiments en hauteur qui ne sont pas du tout ancrés dans les habitudes ici, « désormais, la SIM accompagne les habitants qui intègrent les logements. » Quasiment pas d’ascenseurs dans ces programmes, “pour ne pas alourdir les charges”, explique l’architecte.
Un rythme proche de 600 logements par an
Sur cette ZAC, ce sont donc 185 logements en location très sociale qui sont prévus, 78 en accession sociale, et 250 en logements privés. Egalement, 20 rez-de-chaussée commerciaux. La zone d’activité (en ajoutant stade, mosquée, aires de jeux, etc.) s’étend sur 3.000m2. « Nous en avons pour 4 à 5 ans de travaux sur cette ZAC », se félicitait le directeur de la SIM, Ahmed Ali Mondroha.
Dans le sillage de la présidente de CDC Habitat, la petite troupe était invitée à visiter un appartement déjà attribué. Au 4ème étage de l’immeuble qui en comprend 5, Abdourahaman Mbae ouvre les portes de son T4 à ses visiteurs d’un jour, un de ses quatre enfants dans les bras. Télé grand écran, ordinateur sur la terrasse, « on se sent bien dans ce logement, je l’occupe depuis juillet ». Son dossier a été présenté à Action logement (qui gère le 1% logement) et qui avance la caution, car il travaille dans le secteur privé. La caisse d’allocation familiale prend ensuite le relais, « il ne lui reste donc qu’une part résiduelle à payer dans ce type de location très sociale ».
Le conseil départemental accompagne aussi, précise Madi Velou, 7ème vice-président chargé de l’action sociale, « et nous pouvons accroitre notre participation de 25.000 euros au besoin. »
Le préfet Colombet avait comptabilisé un besoin de 3.000 logements par an, “ce qui comprend les constructions de logements de particuliers, fait remarquer Ahmed Ali Mondroha, la SIM tient son cap de production de 500 à 600 logements par an annoncée”, se félicite-t-il. Ce sont 120 millions d’euros qui sont ainsi injectés chaque année en matière de construction.
Le partenariat SIM-collectivité, ici Mamoudzou, permet de ne pas seulement sortir de terre des rangées d’immeubles, mais de vrais quartiers aménagés, ce qui s’est traduit par la signature de la convention tripartite, CDC Habitat, SIM, mairie.
Anne Perzo-Lafond
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