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jeudi 21 novembre 2024
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Le Parquet national financier perquisitionne sur l’époque Bavi au Syndicat des Eaux

C’est la suite que l’on espérait inévitable d’une suite de rapports catastrophiques de la Chambre régionale des Comptes sur la période de Mohamadi Bavi à la tête du Syndicat Mixte d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (ex SIEAM). Le PNF et la section de recherche de la gendarmerie nationale ont saisi des dossiers sur la période 2014-2019.

La perquisition qui a été menée ce mercredi était initiée par le parquet national financier avec la section de recherche de la gendarmerie nationale. Présent sur les lieux, le 1er vice-président du Syndicat, Me Yanis Souhaili, nous rapporte l’objectif de l’opération : « Elle fait suite aux rapports de la Chambre régionale des comptes, à l’issue desquels cette dernière a fait un signalement au procureur, qui a engagé des poursuites. Ils cherchaient des documents sur les marchés publics passés entre 2014 et 2019 et sont repartis avec une liasse qu’ils vont exploiter. »

Ce que nous a confirmé Emmanuelle Fraysse, Vice-procureur financier, secrétaire générale au PNF: “Ce sont les signalements de la Chambre régionale de Comptes qui ont donné lieu à l’ouverture de l’enquête portent sur la mandature 2014-2019”.

Lorsqu’il arrive aux manettes du Syndicat des eaux, en mai 2014, Mohamadi Bavi trouve une maison laissée en bon état de marche par feu le président Maoulida Soula et son DGS Jean-Michel Cardon, la section eau est excédentaire, et la section assainissement embryonnaire. Tout est à faire, tout est à consommer, les fonds européens sont là, les besoins d’investissement sont de 700 millions d’euros, et il faut aller vite puisque l’Europe justement a autorisé des dérogations, il faut tenir les délais.

Mais Bavi va prendre une toute autre voie, que la Chambre régionale des Comptes va constamment dénoncer, dans des alertes qui vont crescendo. Petit florilège : en 2019, le budget Eau est annoncé en déficit de 13,5 millions d’euros, les charges de personnel se sont “accrues de 220% de 2014 à 2018”, 47 des 104 agents titulaires ont été recrutés depuis 2014, soit la moitié ! « Incompatible avec la situation financière du syndicat », pointait alors la CRC. Réceptions, « près de 78.000 €, soit un tiers des subventions reçues pour la restauration collective entre 2014 et 2016, ont notamment participé au règlement de frais de réception ou de de voyages », frais de location de voiture, de téléphone, en 2017, 63.000 euros ont été déboursés pour 117 abonnements… Des marchés d’assistance à communication sont passés… Il aurait mieux valu qu’ils portent sur de la maitrise d’ouvrage, car pendant ce temps, peu de forages sont réalisés, la maitrise du foncier pour la 3ème retenue collinaire est annoncée à grand renfort de champagne par le président… alors que le terrain à Ouroveni est toujours en indivision.

Bavi à droite de la ministre Ericka Bareigts à Mayotte lors de la crise de l’eau en mars 2017

La population doit payer dans tous les sens du terme

Des audits sont commandés, un comité de pilotage est nommé par la préfecture pour encadrer la gestion, mais vraisemblablement trop tard.

Les habitants de l’île paient actuellement les conséquences de ces dérives, avec des coupures bihebdomadaires. Face au déficit d’exploitation, la CRC recommande au Syndicat « d’augmenter les tarifs de l’eau afin de percevoir un produit couvrant ses nouvelles dépenses ». Et il a fallu externaliser l’assainissement.

Elue en septembre 2020, la nouvelle équipe menée par Fahardine Ahamada découvre une situation catastrophique, « nous ne savons pas si les salaires seront payés le mois prochains », alertent-ils. Avec la subvention de 15 millions d’euros du conseil départemental qui permettait de payer une partie des factures, le syndicat fait peu à peu surface, mais il faut encore gagner la confiance des banques pour obtenir des prêts et investir dans les infrastructures nécessaires (usines de dessalement, de potabilisation, forages, etc.).

La nouvelle équipe tient le cap de la transparence sur laquelle elle s’est engagée au départ, c’est à saluer. Mais la population attend maintenant de pouvoir se nourrir aussi d’eau fraiche.

Anne Perzo-Lafond

 

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