Que retenir du quatrième référendum pour l’indépendance de la Nouvelle Calédonie ? Le résultat d’abord : 96,5% des suffrages exprimés l’ont été en faveur du rattachement à la France. Un plébiscite apparent à mettre en perspective avec une participation en net recul par rapport aux précédents scrutins : à peine plus de 40% des électeurs se sont déplacés. Et pour cause, le camp du oui, majoritairement porté par le peuple Kanak, avait appelé au boycott d’un scrutin jugé inégal, la crise sanitaire ayant selon eux empêché la tenue d’une campagne équitable. Le résultat est donc celui du vote d’un seul camp, plus que la représentation objective d’une volonté des habitants. Qu’à cela ne tienne, cette participation en berne n’a pas altéré la sincérité du scrutin estime Paris.
En outre mer et notamment par chez nous, ce référendum qui survient un demi-siècle après celui de Mayotte, inspire deux lecture radicalement opposées. En premier lieu celle de Mansour Kamardine : pour le député LR, “c’est une grande fierté” car avec ce scrutin “la France a achevé l’ensemble de son processus de décolonisation”. Une analyse qui, le député ne s’en cache pas, repose en partie sur une analogie avec la situation mahoraise. La victoire du “non” en Nouvelle Calédonie, “je m’en réjouis et félicite les Calédoniens qui – à l’instar des Mahorais qui ont eux-mêmes du confirmer 5 fois leur choix de demeurer français – défendent avec honneur et fierté la France d’Outremer” écrit ainsi le député dans un communiqué dédié. Pour lui, “en vérité l’appel au boycott des indépendantistes n’a été qu’une ultime tentative de brouiller ce qui ne pouvait qu’advenir (…)La Nouvelle-Calédonie est française. Mayotte est française (…)Cette page définitivement tournée”.
A l’opposé de cette analyse, l’eurodéputé réunionnais Younous Omarjee (LFI) estime au contraire que “la question de la légitimité du résultat est de fait posée” car “le peuple kanak n’a pas participé au #référendum organisé par l’Etat français , envers et contre la volonté du peuple colonisé qui demeure désireux de l’indépendance”. Quand Mansour Kamardine estime que “le débat a revivifié le sentiment de fraternité et d’appartenance à une même Nation”, l’eurodéputé considère lui que l’esprit de dialogue a pâti de la tenue de ce scrutin. “L’Etat français prend un risque d’avoir préféré la violence institutionnelle à l’esprit de dialogue et de respect du processus engagé depuis les accords Matignon et Noumea aujourd’hui rompu et qui doit être retrouvé” écrit-il.
Seule certitude : le refus de reporter le scrutin comme le demandaient les Kanaks risque de rendre difficile l’acceptation des résultats. Et si comme le pense Mansour Kamadine, une “page est tournée”, les indépendantistes eux, “ne reconnaissent pas la légitimité” du scrutin. Il reste donc, sans doute, d’autres pages à écrire pour assurer à ce territoire du Pacifique un avenir plus serein.
Y.D.
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