Sur le plan de la santé, l’ARS fait actuellement face à deux enjeux. Le premier relève d’une course contre la montre pour la vaccination. Le second consiste à préparer le système de santé afin de faire face à un potentiel afflux de patients dans les jours et semaines qui suivent. Olivier Brahic précise : « A l’heure actuelle, on ne constate pas un afflux spécifiquement pour le Covid. Il y a beaucoup de patients qui ont le Covid sans avoir de gênes respiratoires comme on a pu les connaître dans les vagues précédentes ». Mais la problématique actuelle de l’hôpital, selon M. Brahic, « c’est l’absentéisme du personnel lié aux arrêts de travail, qui nécessite donc une réorganisation des établissements. »
Organiser le système de santé local grâce aux renforts nationaux
Cette réorganisation des établissements, c’est selon Olivier Brahic, « tout le travail qu’on mène depuis plusieurs semaines avec les acteurs de santé. Tous les jours, j’ai une réunion de crise avec l’hôpital de Mayotte, mercredi dernier j’ai réuni tous les acteurs de santé, le monde libéral, les associations pour faire le point et définir la stratégie ». Plus spécifiquement, au CHM, il s’agira dans le cadre du plan blanc de procéder à un appel du personnel pour « pouvoir gagner des marges supplémentaires ». S’ajoutent du renfort national par le biais de la réserve sanitaire d’une part et par le biais du service de santé des armées de l’autre, lesquels pourraient, le cas échéant, « nous venir en appui sur le service de réanimation ». Ainsi, 15 sage-femmes arriveront en renfort lundi, ainsi que dix infirmières venant aider dans le cadre du Covid. A ceci, s’ajoutent des renforts venus contribuer au dépistage et à la vaccination. Selon l’évolution de la situation, il sera possible de demander des renforts complémentaires au niveau national.
« Les tendances sont inquiétantes »
Les chiffres communiqués hier par l’ARS témoignent d’une évolution marquante. Ainsi, le taux d’incidence est actuellement de 1 580,5 pour 100 000 habitants contre 166/ 100 000 la semaine précédente. Le taux de positivité passe à 33,1% contre 7,6% la semaine précédente.
« Les tendances sont inquiétantes » déclare le directeur de l’ARS. « Cette accélération va continuer durant les jours et semaines à venir ».
Face à cette inquiétude, le directeur de l’ARS soulève la problématique d’une campagne de vaccination encore trop lente, au regard de la troisième dose : « on sait que c’est cette troisième dose qui est très efficace contre ce variant et qui permet une protection à 90% pour les formes graves ». Pourtant, « on est aux alentours de 11 000 doses administrées, sur un attendu entre 50 et 60 000 : on voit encore qu’on a une marge de manœuvre très significative sur Mayotte pour que l’ensemble de la population puisse être protégée de manière convenable avec cette troisième dose »
Le calme avant la tempête ?
La comparaison entre la première vague et la vague actuelle pousse beaucoup à s’interroger sur la dangerosité du variant Omicron, tout particulièrement face à l’absence de saturation de la réanimation. Toutefois, Olivier Brahic rappelle que « l’on note toujours un écart entre l’augmentation du taux d’incidence et l’impact hospitalier, dans toutes les vagues on l’a toujours connu. ».
Néanmoins, le directeur de l’ARS reconnait le manque d’informations sur le variant à ce jour : « à l’heure actuelle et en toute transparence, on n’a pas de flux dédié dans le cadre de la médecine conventionnelle ou dans le cadre de la réanimation. Le problème c’est qu’au regard de l’explosion très rapide du taux d’incidence plus encore une couverture vaccinale sur les personnes risque et troisième dose limitée, nous font croire très fortement d’avoir un mur hospitalier dans les prochains jours, les prochaines semaines ». Mais les choses pourraient également bien se dérouler, précise-t-il, expliquant que Mayotte est actuellement « à la croisée des chemins ».
« C’est potentiellement le calme avant la tempête, et mon enjeu c’est de préparer le système de santé à faire face à cet afflux potentiel qu’on pourrait avoir dans les prochains jours, les prochaines semaines qui viennent » conclue le directeur de l’ARS. Et ce avant de rappeler l’importance de la troisième dose pour préserver la population.
Mathieu Janvier
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