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mercredi 30 octobre 2024
Accueilorange« Trafic d’êtres humains » : La Cimade dépose plainte contre le Codim pour diffamation

« Trafic d’êtres humains » : La Cimade dépose plainte contre le Codim pour diffamation

Après un mois de blocage par le Collectif, les bénévoles de la Cimade décidaient ce mercredi de réintégrer leurs locaux. Un retour ponctué par des moments de tensions autour des banderoles, entre invectives du collectif, dispositif de protection policière et dépôt de plainte pour diffamation.

Une tension palpable

La tension était à son comble lorsque vers 13h30 ce mercredi, les bénévoles de la Cimade décidaient de réintégrer les locaux de l’association afin d’assurer les permanences téléphoniques du mercredi après-midi.
Cela faisait déjà un mois que les membres du Collectif des Citoyens bloquaient les locaux, alors redécorés de nombreuses bannières arborant des expressions telles que « stop au trafic humain » ou autre « Cimade dehors ». Le conflit puisait alors sa source dans le recours formulé par l’association contre le décasage prévu à Combani, et dont l’arrêté préfectoral était invalidé le 13 décembre par la justice. Depuis lors, les membres du Collectif se sont relayés pour interdire l’accès aux locaux de la Cimade.
Ce mercredi, les membres de l’association décidaient qu’il était temps pour eux de réinvestir leurs locaux. C’est sous une pluie battante que plusieurs salariés réintégraient ainsi les lieux, accompagnés d’un dispositif policier, les forces de l’ordre ayant été prévenues en amont de l’opération pour des raisons évidentes.
Sur place, les représentants du Collectif étaient toujours bel et bien présents, entraînés par les invectives incessantes de Qatary Lawson, figure du Collectif.
Le retour des salariés de l’association aura donné lieu à quelques moments de tensions, nécessitant l’intervention des forces de police. A leur arrivée, les membres de la Cimade ont commencé à retirer les banderoles installées par le Collectif, dont les membres sont alors montés au contact pour les récupérer. Du côté de la police, l’on explique s’être interposé pour permettre à la fois aux bénévoles de la Cimade d’être protégés et accéder à leurs locaux, mais aussi permettre aux personnes du Collectif de manifester « comme ils ont le droit de le faire ».

 « On s’est fait insulter à chaude voix. C’est compliqué de dialoguer dans ces conditions »

Les banderoles s’imposent donc comme un « point de cristallisation » selon la Cimade. « Malheureusement les banderoles n’ont pas été retirées du balcon. La police a refusé de les enlever. Là ( Ndlr vers 17 heures mercredi) les bénévoles sont partis du local. Par cette avancée c’était important de montrer qu’on revenait dans notre local, qu’on est organisés, en force et nombreux », nous explique Pauline Le Liard, chargée de projet Cimade Mayotte. Néanmoins, aucune solution n’a été trouvée concernant ces banderoles jugées « diffamantes » par l’association. « Si les membres du Codim veulent manifester dans l’espace public, qu’ils le fassent, mais qu’ils ne le fassent pas sur notre balcon » déclare Mme Le Liard, précisant qu’il s’agit d’une propriété privée. Elle évoque des membres du Collectifs « très agressifs » : «  On s’est fait insulter à chaude voix. C’est compliqué de dialoguer dans ces conditions. Notre but était de discuter avec elles, de calmer le jeu mais visiblement ce n’est pas possible (…) On verra dans les prochains jours si on est en capacité de revenir ou pas ».

Les membres du Collectif invectivant les bénévoles depuis un muret

Pour les prochains jours, les forces de police se disent « à la disposition des uns et des autres », si sollicités. Face à cette situation, la Cimade a décidé de déposer plainte pour diffamation et menace, et la plainte a d’ores et déjà été transmise au procureur de la République. «  On demande deux choses aux autorités, précise Pauline Le Liard. D’une part garantir l’accès en toute sécurité à notre local pour les bénévoles, salariés et personnes souhaitant obtenir des renseignements. De l’autre part, le retrait des banderoles ».
Pendant ce temps, l’association maintient ses activités, au-delà du local : permanences d’accès au droit délocalisées, interventions auprès des lycéens, formations des partenaires associatifs sur l’accès au droit, ateliers sociolinguistiques… Mais « ce qu’on ne peut plus faire au local temporairement, on le reporte », conclue Mme Le Liard, ce qui bouleverse les activités de l’association.
Le conflit rejoint désormais les dossiers de la justice qui déterminera si les banderoles sont bel et bien diffamantes aux yeux de la loi.

Mathieu Janvier

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