Cela fait bien longtemps qu’on n’avait vu de la fumée s’élancer des grilles du centre pénitentiaire de Majikavo. Ce jeudi nous a donc ramené des années en arrière, à l’époque du passage au statut de centre pénitentiaire. Des pneus enflammés précèdent une grille résolument fermée ce jeudi, tenue par le délégué syndical CGT Pénitentiaire Condro Mohamadi Ibroihima.
Depuis une semaine, lui et ses collègues du syndicat mènent des opérations de débrayage pour protester contre une atteinte à leurs droits, nous explique-t-il : « On nous a supprimé des acquis sans motif valable. Depuis des années, les agents bénéficiaient de prestations familiales versées par la CAF, et là, quand on proteste, le directeur nous menace de retenues sur salaire. Il y a une semaine, un détenu a agressé un surveillant, mais ce dernier n’a pas été soutenu par la direction qui l’a suspecté au contraire de l’avoir provoqué. Une politique de ségrégation est menée envers les mahorais, et des décisions sont prises sans consulter les organisations syndicales ».
Devant la grille, seuls flottent des drapeaux CGT, qui n’est pas le syndicat majoritaire, nous rapporte-t-il. Une quarantaine d’agents sur les 170 de la maison, est réuni. L’UFAP et SNP FO n’ont pas appelé à manifester. C’est que le problème est complexe, nous résume-t-on aux abords de la prison.
Le supplément familial de traitement a bien été mis en place par le passé au centre pénitentiaire, mais aurait vraisemblablement du être inscrit dans le régime en vigueur sur l’île de convergence des droits sociaux, prévu aux dernières nouvelles en 2036. Le sujet serait traité à Paris, à partir de textes prévoyant comme dans les autres administrations, des dérogations pour les agents ayant leurs centres d’intérêt matériels et moraux (CIMM) hors de Mayotte. Ce qui expliquerait ce reproche de discrimination.
Des prestations familiales qui sont indexées sur le nombre d’enfants, et dont la baisse est tangible donc pour les familles nombreuses, avec une perte de pouvoir d’achat. Il faut espérer qu’une solution acceptable pour tous sera trouvée.
Nous avons contacté le directeur, qui nous a répondu ne pas pouvoir communiquer.
Anne Perzo-Lafond
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