Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a publié ce lundi 28 février 2022, le deuxième volume de son 6e rapport d’évaluation (AR6). Ce nouveau rapport dresse la synthèse des connaissances scientifiques mondiales sur le changement climatique en termes d’impacts, de risques, d’adaptation et de vulnérabilité.
Le deuxième volume de ce 6e rapport d’évaluation évoque l’augmentation des risques (vagues de chaleur, précipitations extrêmes, sécheresses, fonte de la cryosphère, changement du comportement de nombreuses espèces…) pour un même niveau de réchauffement par rapport au 5e rapport d’évaluation de 2014.
Quelque soit son origine, le changement climatique impacte de plus en plus les écosystèmes, la sécurité de l’accès à l’eau et à l’alimentation, les infrastructures, la santé et le bien-être, ainsi que l’économie et la culture.
Avec l’augmentation du réchauffement, les risques vont s’aggraver dans toutes les régions du monde, en particulier dans les plus vulnérables. Parmi elles, des régions comme la Normandie, qui constate une érosion de la côte, des inondations des terres, et un effondrement de la pêche, et les îles. Les problématiques environnementales y sont fortes, avec la montée du niveau des mers ou la disparition d’îles. Sont mentionnés les risques pour les atolls des îles Marshall ou les îles basses des Maldives qui voit leur existence menacée.
La disparition des forêts passe sous les radars
Ce 6ème rapport se concentre sur la réaction des Etats et alerte sur le fait que « s’adapter au changement climatique est possible si le réchauffement est limité à 1,5°C ou 2°C » et que « tout délai supplémentaire dans l’atténuation ou l’adaptation compromet l’avenir”.
La France a par exemple mis en place un Plan National d’Adaptation au Changement climatique (PNACC), dont la 2ème version est en cours, qui a permis l’intégration de critères de confort d’été dans la réglementation sur les bâtiments neufs, l’élargissement de la campagne annuelle de prévention des feux de forêts à tous les départements métropolitains, le déploiement de radars pour renforcer la vigilance météo en outre-mer, l’intégration de la thématique du changement climatique et de l’adaptation dans les cursus scolaires, etc.
Des mesures encore insuffisantes, du moins en ce qui concerne la protection de la biodiversité terrestre et maritime à Mayotte, alerte l’association Les Naturalistes dans sa dernière lettre. Pour contrer les « 300 hectares de couvert forestier qui partent en fumée chaque année, des bananeraies qui remplacent peu à peu les espaces naturels, les 20.000 tonnes de terre rejetées annuellement dans le lagon, envasant les récifs coralliens, sans parler des milliers de tonnes de déchets et des pollutions liquides qui dégradent encore davantage les eaux du lagon et la vitalité des récifs coralliens », l’Etat élabore une stratégie nationale pour les aires protégées à l’horizon 2030.
Elle prévoit que d’ici 2022, 30% du territoire national (terrestre et marin) seront couverts par des aires protégées et 10% sous protection forte.
Le volcan souffle le chaud et le froid
Qu’en est-il aujourd’hui ? Les Naturalistes se réjouissent que, « en mer le Parc naturel marin couvre 100% des eaux françaises, l’objectif de 30% est donc dépassé ». Cependant les 10% de protection forte sont loin d’être atteints, puisqu’ils ne couvrent que « quelques dizaines d’hectares seulement si l’on cumule la partie marine de la Réserve Naturelle Mbouzi, la passe en S, et les nouveaux arrêtés de biotope, alors que le potentiel de protection forte c’est plusieurs milliers de km2 ». Les besoins de protection les plus urgents se situent dans le lagon, explique-t-elle, les zones d’herbiers pour les tortues et les dugongs, les récifs coralliens, des cantonnements de pêche « pour favoriser la reproduction de la ressource halieutique ».
Sur la partie terrestre si l’objectif des 30% était atteint on devrait avoir plus de 11.000 hectares protégés, « on est loin du compte ». Satisfecit par contre à terre pour les 10% de protection forte, soit 3.740 ha, « on s’en rapproche avec la création de la RNN des forêts (2 800 ha) » qui devrait permettre aussi de protéger prioritairement les arrière-mangroves et les zones de forêt sèche les plus impactées : Saziley, Handrema, certains îlots.
Des micro-solutions en local, alors que le risque volcan fait peser bien plus de risques que l’élévation du niveau des mers liée au réchauffement climatique, avec l’enfoncement de 20cm à l’Est de l’île. En terme d’adaptation, des mesures liées à la Sécurité civile (sirènes, points de ralliement en cas de tsunami) ont été prises, mais pas encore de réelle protection du trait de côte. Menacé de disparition, le village de Miquelon, dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, a choisi lui d’être déplacé dans sa totalité !
A. P-L.
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