Il faut dire que nous sommes dans une mandature creuse, où aucune femme n’est à la tête d’une mairie, puisque Anchya Bamana a été battue en 2020 à Sada et Roukia Lahadji à Chirongui, au bout de deux mandats… c’est quand même à souligner, car rare pour un homme à Mayotte. Une seule parlementaire, la députée, Ramlati Ali, et 4 premières adjointes sur les 17 mairies, arrivent à sauver la face, mais n’évitent pas la dernière place à Mayotte en terme de parité. Les Présidences des intercommunalités sont tenues par des hommes.
Au niveau national, 39 % des parlementaires sont des femmes. Dans l’Hexagone, les femmes demeurent elles aussi très largement minoritaires : elles ne représentent que 20 % des maires et 33 % des premiers et premières adjointes. « Les jeunes générations de femmes sont cependant davantage présentes que leurs aînées. » La scolarisation est certainement une explication de cette évolution favorable.
Il faut se réjouir de l’augmentation considérable de cadres dans les secteurs privés et publics, « depuis 20 ans, il quadruple pour atteindre 4.800 en 2017 », mais « seuls 36 % sont des femmes, et 38 % des 450 cadres à hautes responsabilités. » Leur nombre a considérablement augmenté néanmoins, entre 1997 et 2017, passant de 350 à 1.700.
37% de femmes cadres dans la fonction publique
A la loupe, la fonction publique est davantage pourvoyeuse d’opportunités, même si on est loin de la parité, les enseignantes représentent 39% des professeurs et des professions scientifiques, 37% des cadres dans le reste de la fonction publique, contre 29% seulement dans le secteur privé. Sur les 450 postes qualifiés à haute responsabilité, elles sont 38% à les occuper, essentiellement dans les professions médicales, le droit ou dans l’enseignement.
On sait que Mayotte est la région française la plus dynamique en terme de création d’entreprise, +33% en 2020 par rapport en 2019, qui était déjà une année record, contre +4% en Hexagone. A 71% ce sont des entreprises individuelles, dont des micro-entreprises. Elles sont 960 à être nées cette année là, dont 46% sous l’impulsion de femmes.
Nuançons en soulignant qu’il s’agit essentiellement de petits commerces, et souvent, d’une régularisation du secteur informel, permise par la mise en place du statut de micro-entreprise à Mayotte en 2020.
« En 2021, les créations d’entreprise continuent au même rythme qu’en 2020 », nous apprend l’INSEE, avec toujours majoritairement des femmes initiatrices, « dans les secteurs de la santé, de l’action sociale, du commerce et des services aux particuliers. Les hommes prédominent largement dans la construction et les activités de services administratifs et de soutien aux entreprises».
La loi est censée venir au secours de cette absence de parité. Depuis 2018, à Mayotte, les entreprises d’au moins 50 salariés doivent avoir négocié un accord ou un plan d’actions pour parvenir à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Or, en 2021, 13 entreprises de Mayotte sur les 36 concernées l’ont fait. Seules deux entreprises sont dans un référentiel d’égalité professionnelle proche de la moyenne nationale.
Une meilleure identification de celles qui sont hors des clous devrait « permettre un meilleur contrôle », indique l’INSEE. Une quête compliquée sur un territoire où certains secteurs manquent de compétences tout court.
Anne Perzo-Lafond
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