Les produits vendus chez nous sont-ils plus sucrés que ceux proposés aux consommateurs de métropole ? En d’autres termes, les industriels de l’agro-alimentaire font-ils du profit au détriment de la santé des consommateurs ultramarins ? Ou sont-ce ces derniers qui seraient demandeurs de produits plus sucrés comme on l’entend souvent ?
Sans mener une enquête exhaustive, les quelques produits phares que nous avons pu observer en grande surface à Mayotte présentent des taux de sucres analogues à ceux de métropole. Le Coca-Cola en cannette par exemple, contient 10.6g de sucre pour 100ml de boisson, ici comme en Europe continentale. Nous avons comparé trois autres marques de sodas, toutes présentent des taux similaires ou identiques à ceux de métropole.
Pourtant en août dernier, un article du Canard Enchaîné, suivi par le HuffPost et cité par un communiqué présenté à l’Assemblée nationale, évoquait un rapport “accablant” pour des entreprises qui ne joueraient pas le jeu de la loi Lurel, qui interdit depuis près de 10 ans de proposer différents taux de sucre selon les territoires.
Selon le Canard, le rapport d’enquête de la Répression des fraudes (DGCCRF) était tellement alarmant que le gouvernement avait décidé d’en retarder la parution.
En octobre pourtant, coup de théâtre. La DGCCRF publie son enquête. “Les résultats montrent que ce dispositif est connu des professionnels et qu’il est globalement bien respecté” peut-on y lire en préambule. Menée “en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion”, l’enquête conclut à “un faible taux de non-conformité“.
Un rapport édulcoré ?
” En effet, les résultats issus de l’examen d’environ 50 références de produits, essentiellement des sodas, n’ont pas permis de mettre en évidence de non-conformité aux dispositions prévues par la loi Lurel pour ce qui est des boissons rafraîchissantes sans alcool commercialisées à la fois dans l’Hexagone et dans les territoires d’Outre-mer, hormis pour un soda commercialisé en Guyane”. Chez nous, “seule 1 boisson énergisante commercialisée à Mayotte se révèle non conforme” indique le rapport. Quant “aux Antilles, seule une fraction très minime de références-produits a une teneur en sucre supérieure à la teneur la plus élevée observée dans la même famille de produits dans l’Hexagone”.
On est donc loin d’un rapport “accablant”, et cela contraste avec les articles de presse parus peu avant sa publication, comme avec le ressenti de consommateurs, comme cet acheteur rencontré ce lundi, qui se dit “plus vite écœuré” en mangeant des yaourts à Mayotte qu’ailleurs en raison d’un goût sucré plus prononcé selon lui.
“Le rapport d’octobre ne donne pas les mêmes conclusions que la presse, C’est pour ça qu’on va essayer de remédier à ça d’ici avril ou mai” nous explique une source parlementaire. En effet le Sénat va enquêter sur ce sujet “très important en outre-mer” dans le cadre d’une “mission sur l’obésité et l’alimentation en outre-mer”.
Ce travail indépendant permettra d’offrir aux Ultramarins un regard on l’espère exhaustif et impartial.
Y.D.
Comments are closed.