Mayotte, territoire le plus dynamique de France sur la création d’entreprise, tente d’améliorer encore cette performance. Les très petites structures créées jusqu’alors sont pour beaucoup de la formalisation de commerces. Or, le développement du territoire passe aussi par des moyens voire grands projets. C’est l’objectif de la 2ème édition de la Journée pour entreprendre, organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et la Communauté de Communes du Centre-Ouest (3CO), qui se tenait donc à Mroale, dans la commune de Tsingoni. La 3CO, c’est plus de 51.000 habitants répartis sur 5 communes, M’tsangamouji, Tsingoni, Chiconi, Sada, Ouangani, sur 95km2.
Saluons l’organisation qui proposait à ceux qui ne pouvaient se déplacer, un live de qualité, autant sur la définition de l’image que sur la présentation des Power Point… après quelques atermoiements.
« La 3CO, c’est le grenier et le château d’eau de l’île, mais nous voulons en faire aussi un territoire d’innovations. Nous avons donc mis en place les aides immobilières et des moyens financiers au service de l’entreprenariat local », rapportait Salim Boina Mze, 5ème vice-président de la 3CO, chargé du développement.
Son partenaire de la CCI, représentée par Marcel Rinaldy, à la tête du groupe 3M, rapportait que sur les 10.574 entreprises de l’île, 17% soient implantées dans la 3CO, et relistait les accompagnements alloués par l’Etat, le conseil départemental et la CCI pour les accompagner en période de crise Covid.
Une des problématiques à résoudre, c’est le foncier, remarquait un intervenant dans l’assistance or, « dans les communes du Centre-Ouest, nous en avons », lâchait Anrafati Combo, directrice de développement de la 3CO. Qui incitait à sa libération par ses détenteurs, Etat, CD ou particuliers, « il n’y a plus de cession gratuite, il faut passer par une AOT ou une acquisition ».
L’Alpha et l’Omega de l’accès aux fonds européens
L’autre, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Mais pour créer son entreprise ou la développer, il faut être au fait des différents accompagnements, qui impliquait la présence du GIP l’Europe à Mayotte, de l’ADIM, de la plateforme Initiative Mayotte, ou de la CSSM pour la présentation du statut d’auto-entrepreneur.
Le lien entre ces structures était synthétisé avec clarté par Chantal Dagnaud, responsable du Pôle Animation au GIP Europe à Mayotte, un Groupement d’Intérêt Public qui a permis de monter la 1ère plateforme d’ingénierie sur ces fonds qui échappaient majoritairement jusqu’à présent aux entrepreneurs locaux. « Comment une entreprise peut-elle émarger au Feder, au FSE ou à l’InterReg ? Il faut d’abord savoir que ces fonds européens ne financent pas les frais de fonctionnement de vos projets, et qu’ils remboursent vos dépenses. Il faut donc avoir les moyens des les engager. L’effet de levier fonctionne ensuite, puisque sur un investissement que vous mènerez de 500.000 euros, nous vous rembourserons sur les années suivantes 80%, soit 380.000 euros que vous pourrez réinvestir, etc. »
Et pour assurer le préfinancement, et lancer le projet, des structures comme l’ADIM, etc. sont là pour accompagner, et travaillent en coopération avec le GIP Europe, explique Chantal Dagnaud : « Ils faut que les financeurs lancent un appel à projets, pour qu’ensuite arrive le financement », et la machine est enclenchée, permettant de prétendre ensuite aux fonds européens. Sur l’InterReg axé sur l’indispensable coopération régionale entre Mayotte, les Comores et Madagascar, « il reste 9 millions d’euros à dépenser, sur des projets initiant les échanges économiques, l’amélioration de la santé ou la mise en place de formation de qualité ». L’idée d’élargir au Mozambique et à la Tanzanie sera sans doute concrétisée « d’ici la fin de l’année ».
Et pour coller à la géographie du territoire, en cette journée de la 3C0, la représentante du GIP Europe annonçait la prochaine implantation d’une antenne à Tsingoni.
Anne Perzo-Lafond
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