Mot honni pendant l’épidémie de Covid, il représente une quête de plusieurs années pour les professionnels de la mer : un cluster maritime vient de voir le jour à Mayotte. Le 8ème ultramarin, après la Guadeloupe en 2010, La Réunion, 2011, la Guyane 2012, la Martinique, 2013, la Nouvelle Calédonie et la Polynésie en 2014, Saint-Pierre et Miquelon en 2016.
Plusieurs professionnels maritimes de l’Union Maritime ont donné leur impulsion au projet, ils ont d’ailleurs été choisis pour constituer le bureau et le conseil d’administration. Il a été porté par le conseil départemental notamment dans le cadre du Séminaire sur l’économie bleue. Pour avoir accompagné la gestation depuis 2 ans, Alexandre Luczkiewicz, Responsable des relations et des actions Outre-mer à la maison mère, le Cluster Maritime Français, peut souffler : « Ça a été long et parfois compliqué, mais nous savons tous que nous y arriverions. C’est une structure qui va permettre de mener des politiques de développement du territoire qui est né aujourd’hui, déjà présente dans l’ensemble des outre-mer ».
Le Cluster Maritime Français (CMF) est une organisation créée en 2006 par et pour les professionnels afin de rassembler tous les secteurs du maritime. De l’industrie aux services, le CMF est composé de plus de 430 membres : entreprises de toutes tailles, Pôles de compétitivité, fédérations et associations, laboratoires et centres de recherche, écoles et organismes de formation, collectivités et acteurs économiques locaux, ainsi que de la Marine nationale.
Acculturer les jeunes au maritime
Alexandre Luczkiewicz nous en explique l’utilité : « Le cluster a trois objectifs principaux : rassembler tous les acteurs de l’économie maritime d’un territoire pour travailler ensemble, qu’ils fassent la promotion de leurs activités auprès de l’administration d’Etat en interconnexion avec des secteurs non maritimes, et qu’ils montent des projets ensemble en créant des groupes de travail sur des thématiques données ».
Il cite des exemples : « A La Réunion, ils ont mis en place des gestions prévisionnelles des emplois et des compétences, une méthode pour adapter les emplois à la stratégie des entreprise, en Polynésie, ils ont travaillé sur la reprise du secteur des croisières, en Guadeloupe, ils ont créé un Village d’activités maritimes à l’occasion de la route du Rhum, en Nouvelle Calédonie, sur une méthode pour acculturer les jeunes au maritime, etc. » Des thématiques qui collent toutes à Mayotte, notre cluster va avoir du pain sur la planche !
Le Cluster Maritime Français est là pour accompagner, les premiers pas, « avec un soutien moral et technique pour arriver à sa naissance ce mercredi », mais pour la suite également, « le cluster de Mayotte rejoint le réseau outre-mer, qui présente une vraie synergie entre les territoires, et qui est en lien avec nous, et je coordonne personnellement les travaux entre les clusters », insiste celui qui a aidé à accoucher, et qui ne compte pas lâcher ce nouveau-né : « Nous commençons à travailler dès ce jeudi en préparant un programme de travail avec le conseil d’administration, et j’ai coché avec eux trois rendez-vous à l’agenda, le Comité France Maritime Outre-mer, lundi prochain, le Salon Euromaritime en juin et les Assises sur l’économie de la mer, en novembre. »
Une économie multicolore
Pour arriver à suivre le rythme, il va falloir s’organiser. « Pour l’instant, c’est la Chambre de Commerce et d’Industrie et son secrétariat qui ont permis de démarrer le projet, mais le cluster doit être autonome, et pour éviter les réunionites et aller à l’essentiel, il va falloir choisir un animateur, quelqu’un à temps plein. » Les ressources du cluster viendront des cotisations des personnes morales qui le composent, professionnels portuaires, pêcheurs, entreprises de logistiques, transitaires, formation maritime, opérateurs de plongée, les compagnies maritimes, les sociétés œuvrant dans l’énergie, recherche scientifique, etc., et des membres associés.
A la tête de l’Union Maritime de Mayotte, c’est tout naturellement que Norbert Martinez a été choisi comme premier président du cluster de Mayotte : « C’est en effet complémentaire, nous allons parler de la mer de façon positive. J’ai beaucoup de mal avec le terme d’’économie bleue’, il faut parler d’économie tout court quand on évoque la mer. Elle est partie prenante du développement du territoire, et représente un secteur non négligeable ici à Mayotte ».
Lors de sa matinée de mise en place, le cluster a pu écouter en visio la prise de parole du secrétaire général de la mer, Denis Robin, par ailleurs ancien préfet de Mayotte, et de Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français.
Alexandre Luczkiewicz voit déjà plus loin, « ce cluster est un organe neutre, inattaquable, qui possède toutes les chaines de valeur. Et alors qu’on parle beaucoup d’énergie marine renouvelable, c’est un interlocuteur incontournable ». Et on parle enfin de cluster dans un sens positif !
Anne Perzo-Lafond
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