« Notre île est constituée d’une population particulièrement jeune et cette démographie constitue la chance de Mayotte », déclarait l’adjointe au maire de Mamoudzou Mme Nourainya Loutoufi. « L’enfant est l’avenir de notre région et il doit être pris en charge, aimé, protégé et accompagné dès les tout premiers mois de sa vie. Mais cet accompagnement du petit enfant constitue également un défi permanent ».
Un défi que le directeur des prestations de la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte n’a pas manqué d’illustrer, en chiffres :
« Aujourd’hui à Mayotte c’est plus de 9000 naissances par an sur les 5 dernières années. En 2019, 15% de la population avait moins de 5 ans. Comparativement à la métropole, le taux de couverture c’est-à-dire la possibilité d‘accéder à un mode de garde est à Mayotte de 3 % alors qu’il se situe à 59% en métropole. Avec le travail partenarial que l’on mène avec les collectivités locales, le département et l’Etat, on a aujourd’hui 14 établissements d’accueil des jeunes enfants, pour 285 places ». Et pour le directeur de prestations, « Tout ceci nous montre qu’il faut continuer de travailler sur l’offre de services petite enfance et l’élargir ». Et c’est précisément ce que la CSSM entend faire, avec l’annonce d’une nouvelle prestation familiale dont le lancement est prévu pour le 1er juillet prochain : le Complément Mode de Garde structure (CMG structure).
La prestation fait suite à l’ordonnance du premier décembre 2021, et va permettre d’élargir à sa façon l’offre de service locale. « C’est la première ouverture de ce qu’on appelle la prestation d’accueil du jeune enfant à Mayotte, la Paje, qui existe en métropole et dans les autres DOM ». Une des demandes du Haut conseil des Familles, rapportée ce mercredi dans nos colonnes. La prestation permettra de diminuer le reste à charge des parents lorsqu’ils souhaitent faire garder leurs enfants, avec des remboursements sur facture avancée pour le mois en cours. Une avancée réelle pour l’accès aux offres de service et à des modes de garde en individuel, mais qui sera loin d’être suffisante dans le paysage de la petite enfance actuelle, si non accompagnée d’autres mesures.
Le vice-président Madi Moussa Velou, y allait aussi de ses quelques chiffres : « Mayotte manque dramatiquement de modalités d’accueil de jeunes enfants alors que le département a la plus forte natalité de France » déclarait-il. Et pour illustrer ses propos, le VP déclarait que « Mayotte ne dispose en effet que de 9 crèches, 4 micro-crèches, pour une capacité de moins de 300 places. J’ajoute que 19 assistants maternelles seulement sont sur le territoire, dont 7 seulement sont en activité mais déclarés comme employés de maison ». Et ce avant de préciser qu’ « on estime le besoin à 8000 places par an, toutes modalités de garde confondues : on a encore du travail. On est très très loin du compte. Ces besoins ne font qu’augmenter cette année. Il est impératif de rattraper cet immense retard ».
Et les conséquences sur la société mahoraise s’en font ressentir, selon le conseiller cantonal de Dembéni : manque de création d’emploi, recours au travail dissimulé, donc perte de recettes fiscales et favorisation de l’immigration clandestine…
Des conséquences certaines, mais augmenter les modalités de garde et développer la filière ne répondrait-il pas à une partie limitée du problème ?
Quid des politiques de limitation des naissances ? Depuis le succès de la campagne 1,2,3 Bass, les autorités restent muettes sur le sujet… Le vice-président avait assuré se lancer dans cette bataille qu’il estime relever de sa compétence.
Autre préoccupation de taille : l’implication de la figure masculine dans les problématiques liées à la petite enfance. Une réalité révélatrice s’il en faut, la très grande majorité du public du forum de ce mercredi était composée de femmes…
Mathieu Janvier
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