« Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas ». Une citation d’Oscar Wilde qui sied au mieux à l’atelier qui s’est tenu hier matin au lycée professionnel des Lumières. La classe de première de Mme Surmont, professeur d’Histoire-géographie, a été initiée à la cartographie expérimentale et sensible, en présence des cartographes et géographes Florence Troin (CNRS, Université de Tours) et de Philippe Rekacewicz (Université d’Helsinki).
A l’initiative de ce projet, Mme Surmont explique la démarche poursuivie, « l’objectif est que les élèves produisent une carte d’eux. Il s’agit de leur faire travailler la cartographie d’une manière particulière et plus attrayante. Ils peuvent mettre en avant leur vécu du territoire, leur parcours de vie. Il ne s’agit pas de mettre uniquement en évidence des faits mais bien la sensibilité que peuvent avoir les lieux ». En outre, c’est un « moyen pour qu’ils puissent vivre différemment le territoire ». Hormis cette ligne directrice, aucune autre consigne n’a été donnée. En somme, carte blanche a été donnée pour que chaque élève, dans un travail individuel, puisse représenter leur subjectivité et leur sensibilité. Un projet artistique à la limite de l’introspection puisque les étudiants ont été amenés à questionner leur rapport au monde.
Repousser les frontières
La dernière demi-heure de l’atelier a été dédiée à la restitution de l’ensemble des chemins et parcours de vie. Les productions exposées ne laissent aucunement indifférents les deux cartographes. Mme Troin constatait « l’originalité et les thématiques très différentes abordées » avec des « itinéraires très précis, des histoires qui serpentent entre Madagascar, les Comores, et Mayotte, mais pas que. Des cartes qui sont la perception que vous avez de vous-même dans votre environnement ». Bravant leurs timidités, certains étudiants expliquent leur représentation du monde. Pour l’un, il s’agit de mettre en avant sa participation au concours d’éloquence de l’Océan Indien, pour une autre, la projection de sa vie d’ici une trentaine d’années. Une imagination teintée d’espoir et de lucidité sans pour autant laisser place à la naïveté.
Une démarche saluée par le proviseur adjoint, M. Robas. Cet exercice spécifique « constitue un élargissement des horizons pour se projeter aussi bien en France métropolitaine que l’Union européenne ou dans le monde, en général ». En outre, « le truchement des interventions à haute valeur ajoutée répond aux exigences d’excellence de l’établissement ». Loin de paraître anecdotique, cet atelier aura permis, sans nul doute, de repousser les frontières de l’imagination.
Pierre Mouysset
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