Dans un contexte où les partis traditionnels, PS et LR, ont éclaté en faisant moins de 5% des voix sur le plan national, la lutte contre l’immigration clandestine, grande cause départementale, l’a emporté à Mayotte. Selon les résultats territoriaux que nous avons publiés ce dimanche, Marine Le Pen arrive en tête dans 14 communes, et dans 4 d’entre elles, à plus de 50%, Acoua (53%), Bandraboua (55%), Kani Keli, 61,3% et Boueni, 62,48%. Et son challenger dans la plupart des communes est… Jean-Luc Mélenchon. Un vrai vote de contestation. Sur le plan national, ce dernier a réduit son écart avec la candidate du RN quelques heures après les premiers résultats.
Jean-Luc Mélenchon qui arrive en tête dans une commune dont le maire LR a du s’étrangler, Mamoudzou où il totalise 32,14% de voix, suivi par Marine Le Pen, 28,58% et Emmanuel Macron, 21,74%, pour une participation inférieure de 2 points par rapport au reste du département.
Emmanuel Macron arrive en courte tête sur Marine Le Pen dans une seule commune, à Dzaoudzi, 31%, contre 29,5% MLP, et 28,3% Mélenchon.
La même sanction au second tour ?
Un marqueur généralisé à l’échelle du territoire non forcément de l’adhésion générale aux thèmes de l’extrême droite, mais de se doter d’un candidat qui semble proposer des solutions faciles pour lutter contre l’immigration clandestine. Le retrait du droit du sol en fait partie.
Quelles sont alors les marges de manœuvre d’Emmanuel Macron ?
Les outre-mer ont rejeté majoritairement la candidature du président sortant. Mais pas tous avec le même vote. Jean-Luc Mélenchon arrive en tête en Guyane, Guadeloupe et Martinique.
Ironie de l’histoire, quelques mois après le divorce avec le rejet du projet de loi Mayotte, le département devient un enjeu pour le président sortant. Même avec 92.000 électeurs, et 40,31% de participation. Car le Rassemblement national y obtient 42,67% des voix, suivi par Jean-Luc Mélenchon, 23,9%, Emmanuel Macron, 16,94%, Valérie Pécresse, 8,02%. Sur le département, Marine Le Pen totalise 15.000 suffrages, auxquels il faut rajouter les 500 obtenus par Eric Zemmour pour rassembler les voix d’extrême droite. Une parole vers notre territoire serait la bienvenue, avec des gages fermes par exemple sur des résultats dans la lutte contre la délinquance. Et pourquoi pas un déplacement dans l’entre-deux tours.
« Ne ménageons aucun effort, allons convaincre chacune et chacun », a lancé Emmanuel Macron ce dimanche soir. Les mahorais n’attendent plus de voir, ils brandissent un bulletin.
Anne Perzo-Lafond
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