Ce mercredi le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté une ordonnance relative à la chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM). Une ordonnance ayant pour « objet de redéfinir le périmètre d’action de cet établissement, au regard de sa situation actuelle, et de clarifier les dispositions qui lui sont applicables ». Ainsi, il s’agit de « conforter le régime juridique particulier de cet établissement insulaire, en lui réattribuant une compétence dans les domaines de la pêche et de l’aquaculture et, d’autre part, de sécuriser son action dès lors qu’elle dispose d’élus représentant ces secteurs d’activité ».
Un historique tumultueux
Si de longue date, les pêcheurs profitaient de la configuration de la CAPAM, il s’agit depuis bien longtemps de doter la pêche de son propre comité régional. En 2012, une audition s’était tenue, où les doléances de la filière pêche avaient pu être entendues.
Il fallait ainsi un rôle d’équipage, la mise en place d’un statut social et autres mesures pour que le comité soit créé. Au regard de la complexité du contexte, un temps de gouvernance avait été donné jusqu’en 2019, date à laquelle la CAPAM devenait chambre d’agriculture et où le comité de pêche devait voir le jour. Mais à la suite de retards sur le rôle d’équipage, le renouvellement de la flotte et autres, l’ordonnance pour la création du comité n’a pu être mise à exécution.
La fin d’un divorce planifié ?
Selon des sources proches du dossier, cette nouvelle ordonnance du gouvernement fait du rétropédalage : tant que les conditions ne sont pas réunies, les missions de la pêche et de l’aquaculture sont réétendues à la CAPAM. Cette ordonnance reviendrait ainsi à remettre en question celles de 2012 et 2016 sur la création du comité de pêche, en redonnant à la Chambre la gestion des deux filières « en attendant ». « Une mauvaise chose pour la pêche, car si on se donnait un calendrier pour en sortir, on n’en a plus ». De fait, le divorce entre pêche et agriculture était planifié à l’horizon 2025. Qu’en est-il désormais ?
Notre source rappelle que sur les 23 élus en représentation dans la chambre, seulement deux représentent la pêche, et un seul l’aquaculture. « Pour faire passer les projets pêches dans une assemblée aussi minoritaire, ils auront du mal » est-il précisé, sachant que « depuis trois mandats c’est toujours l’agriculture qui a prévalu dans la chambre, on n’a jamais eu un président pêche ou aquaculture ». Voilà qui ne semble pas prêt d’arranger les intérêts de ces filières pourtant fondamentales sur l’île au lagon…
Mathieu Janvier
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