« Est-ce le loup qui a amené le fusil ? », interroge An-Ychat enseignante à l’école élémentaire de Combani 2 Miréréni. « Non ! » répondent en cœur les élèves de cette classe de CP. Assis en demi-cercle autour de leurs deux professeures, les enfants écoutent attentivement les consignes. « Qui vient me lire le texte au tableau ? », demande Anzamtou. Plusieurs doigts se lèvent, les volontaires ne manquent pas. « Nous sommes sur le dire et le faire, le dire avec la lecture à voix haute et le faire avec l’imagination de la suite du Petit Chaperon rouge », détaille la professeure.
Des méthodes d’enseignement qui font leurs preuves
L’enseignement avec ses pairs fait partie d’une nouvelle méthode d’apprentissage horizontale, le Plan français. « C’est un moyen de partager les pratiques et de faire monter en compétences les enseignants via des constellations c’est-à-dire des groupes de pairs », explique le recteur Gilles Halbout. Il poursuit « dans la classe on constate que les enseignants installent des ateliers de travail afin d’aider chaque élève selon leurs difficultés ». L’école élémentaire de Combani 2 Miréréni a été choisie pour cette visite compte tenu de sa fermeture en début d’année pendant plus d’un mois à cause des affrontements. « Malgré cette interruption, les progrès des enfants sont bien présents grâce au dévouement des équipes pédagogiques », témoigne une responsable de l’administration.
« On voit les bénéfices du Plan français mis en place depuis 2-3 ans à Mayotte, mais nous voulons mettre un nouveau coup d’accélérateur. Ce sera le cas avec le futur plan Dire Lire et Écrire prévu à la rentrée prochaine. Ce plan doit être massif à tous les niveaux c’est-à-dire amplifier la formation, avoir des manuels de référence partagées. Nous allons en acheter 8000 à 10000 et ils vont pouvoir accompagner les enseignants à tous les niveaux notamment sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture », détaille Gilles Halbout. Néanmoins, ce dispositif à venir n’aura pas d’outils d’évaluation spécifiques pour prendre en considération la progression des élèves car précise le recteur, « les outils d’évaluation, on les a déjà puisqu’au niveau national ces évaluations ont lieu en CP, CE1, sixième, seconde et à la fin avec le baccalauréat ».
Dispositif « petit lecteur, petit scripteur » pour combler les lacunes
Ce plan qui se veut d’envergure va chapeauter l’ensemble des dispositifs d’ores et déjà
existants tel que « petit lecteur, petit scripteur ». Au collège de Tsingoni, un groupe d’enfants travaille les sons. Les élèves les associent avec des images. « Montrez-moi le « an » de gant », demande la professeure. L’enthousiasme des élèves est au rendez-vous tout comme le dynamisme de l’enseignante. Ce dispositif d’enseignement renforcé permet d’aider les élèves en grande difficulté, qu’il s’agisse de lacunes en français ou en mathématiques. Les élèves sont 6 heures par semaine sortis de leur cours habituel afin de suivre ces ateliers », développe la proviseure de l’établissement, Sabine Debusscher. « Ce dispositif existe pour les élèves de 6e et 5e seulement », concède-t-elle.
Si dans ce collège ce dispositif existe maintenant depuis 5 ans, dans d’autres établissements de l’île, il est tout récent. « L’idée c’est de pouvoir généraliser ce dispositif à tous les établissements et de l’adapter en fonction des publics, aller au besoin au-delà des 6h hebdomadaires », admet Gilles Halbout, précisant néanmoins, « l’idée ce n’est pas de créer des parcours séparés, c’est de les remettre le plus vite possible dans le circuit initial ».
Aller plus loin dès la rentrée 2023 avec le plan Dire Lire et Écrire
D’ailleurs, les élèves qui ont eu la possibilité de suivre ces enseignements renforcés « arrivent en 3e sans que leur niveau soit différent de leur camarade », se réjouit Gilles Halbout, avant de préciser, « je voulais qu’aujourd’hui on valorise ces expériences mais maintenant il faut que ce soit massif. Il faut aller plus loin et plus fort en généralisant ce dispositif sinon il va y avoir des élèves qui vont passer à travers les mailles du filet ». Le lancement à la rentrée prochaine du plan Dire Lire et Écrire permettra ainsi, en chapeautant les dispositifs existants de mettre un coup d’accélérateur sur les classes de CP, CE1 et 6e.
Pierre Mouysset
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