Les dernières statistiques livrées par la préfecture dans le cadre de l’opération Shikandra sont intéressantes, pour comparer 4 périodes de lutte contre l’immigration clandestine : les années 2019 à 2022, sur la période de janvier à avril. Cela permet d’avoir des comparaisons d’avant la crise Covid et la fermeture des frontières, pendant, et pas encore tout à fait après. En effet, en janvier et février 2022, Mayotte était fortement impactée par le variant Omicron.
En terme de lutte maritime contre les entrées de kwassas, 272 ont été détectés de janvier à avril 2022, contre 462 en 2021, 217 en 2020, et 288 en 2019. Un chiffre bas donc, pour lequel deux explications sont données : la vague Covid qui a restreint les échanges et l’atténuation du flux migratoire “par des opérations d’entrave des départs menées dans les eaux comoriennes”, comme le stipulait la feuille de route signée avec les Comores.
Sur le nombre de 272 kwassas détectés, 163 ont été interceptés, 53 demi-tours ont été enregistrés, pas de précision sur les 56 restants.
La stat la plus aléatoire reste celle des tentatives d’entrée empêchées, 79% en 2022. Les kwassas ayant opté pour la stratégie de quitter les côtes anjouanaises en masse pour déjouer la surveillance des intercepteurs, on ne sait donc pas précisément combien accostent à terre.
Par contre, les moyens ont été renforcés, indique la préfecture, avec une flotte d’intercepteurs passée de 7 à 9 en avril 2022. Pas de précision sur les moyens humains alloués pour que ces semi-rigides tournent 24h sur 24h.
Début 2022, malgré presque deux fois moins de kwassas détectés que l’année précédente, le nombre d’interpellations d’étrangers en situation irrégulière est maintenu à un niveau élevé, 2.269, contre 2.866 sur la même période en 2021, et 1.387 avant la crise sanitaire en 2019.
163 barques et 207 moteurs ont été détruits, et on note une baisse de la puissance des moteurs détruits, “traduisant des difficultés d’approvisionnement des filières de passeurs”, analyse le bulletin Shikandra.
Par ailleurs, 16.860 cartouches de cigarettes de contrebande ont été saisies et détruites, représentant une valeur marchande de 590.000 euros.
Côté terre, 7.087 interpellations ont été effectuées, contre une moyenne de 8.700 les années précédentes, “une baisse de 1.700 interpellations en janvier 2022, par rapport à 2021 en raison de la vague épidémique due au variant Omicron, bloquant les éloignements.”
En additionnant les interpellations en mer et à terre, ce sont 9.356 personnes concernées, parmi lesquelles, 7.817 ont été reconduites à la frontière, dont 140 originaires de Madagascar l’ont été par les airs. L’année dernière sur la même période, ils avaient été 9.663 à être reconduits, et en 2019, 9.474. En continuant à ce rythme, ce sont plus de 23.000 reconduites qui pourraient être enregistrées à la fin de l’année. Mais on sait que les entrées sont saisonnières, plus fréquentes dans les intersaisons où ni le kashkazi ni les alizées ne représentent un risque pour la navigation.
En matière de démantèlement de filières, 130 passeurs ont été présentés à la justice, avec une mise en cause de 4 personnes supposées être à la tête de réseaux de passeurs, dont 3 dans le cadre d’une filière malgache.
Les enquêtes sur des filières de faux documents ont débouché sur 8 mis en cause présentés à la justice pour des faits de falsification de Carte d’identité, de passeports, de cartes de résident, de carnets de santé, de documents officiels, de factures, etc., dans le cadre de 5 affaires différentes. Enfin, 11 barques de pêche transportant des étrangers en situation irrégulière ont été saisies et détruites.
La formation des agents publics et des forces de sécurité à la détection de la fraude documentaire se poursuit.
A.P-L.
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