« Si on peut faire avancer les choses à notre échelle nous le ferons avec beaucoup d’insistance ». Laurent Barthélémy, vice-président de l’opérateur de compétences (OPCO) AKTO, a tenu à rappeler dans son introduction que « cette visite s’inscrit dans le tour de France des régions » et qu’elle vise à « dresser le bilan de actions menées par AKTO et faire remonter les demandes locales à la gouvernance ».
La loi « Avenir Professionnel » renforce le rôle d’AKTO à Mayotte
Depuis septembre 2018 et l’entrée en vigueur de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », le monde de la formation professionnelle a été réorganisé. AKTO a vu son rôle renforcé dans les territoires d’Outre-mer. Ainsi, depuis le 1er janvier 2021, cet opérateur de compétence a été agréé par les Ministères des Outre-Mer et du Travail comme OPCO unique à Mayotte. « Cela nous légitime pour entrer en contact avec l’ensemble des entreprises quel que soit leur secteur d’activité », précise le vice-président. Pour l’heure, sur les 11600 entreprises du département, 1300 sont accompagnées par cet OPCO.
Avec pour cœur de métier de répondre aux besoins des entreprises en matière de recrutement ainsi que du développement des compétences et des qualifications des salariés, les représentants d’AKTO, qu’il s’agisse de Laurent Barthélémy, Valérie Sort, Directrice générale ou encore François Duclos, représentant du collège salarié, étaient attendus par les représentants syndicaux et le Medef.
Une ambition qui se doit d’être à la hauteur des enjeux
Samira Aït, responsable emploi formation au sein du syndicat du patronat n’a pas manqué de sonder la volonté d’AKTO, « qu’est-ce que vous allez apporter à Mayotte ? Qu’est-ce qui est faisable pour vous ? ». Que ce soit sur le sujet de la mobilité des jeunes ou encore de l’apprentissage, en 2021, « 550 contrats d’alternance ont été engagés dépassant l’objectif initial des 500 », détaille El-Yamine Zakouana, Directeur régional d’AKTO.
Par ailleurs, avec actuellement 3000 euros alloués par an et par entreprise dans le cadre du plan de développement des entreprises de moins de 11 salariés à Mayotte (et 5000 euros pour les entreprises de 11 à 49 employés) afin de former leur personnel, Samira Aït ne manque pas de mettre en évidence « la faiblesse de l’enveloppe. Rien que pour un billet d’avion pour accueillir un intervenant hors Mayotte, les enveloppes de formation sont quasiment consommées », avant d’ajouter « tant qu’on n’aura pas d’intervenants locaux pour la formation la mayonnaise ne pourra pas prendre ».
La formation au cœur de l’attractivité du territoire
Interrogée, la responsable emploi formation entend clarifier sa position « la question est de savoir comment se développer maintenant ? On souhaite défendre le droit commun avec des aides d’exception. Nous souhaitons l’égalité avec les autres territoires. On est obligé d’être patient et de ressasser sans cesse avec cette impression que l’on est pas écouté ». Néanmoins, le vice-président entend rassurer « nous ferons remonter au bureau et au conseil d’administration d’AKTO ».
Le sujet de la formation professionnelle est essentiel pour répondre au besoin en qualification des entreprises. Il en va de l’attractivité du territoire. Le risque sous-jacent tient à faire appel à une main d’œuvre hors de Mayotte sans que cela profite à la population locale; alors même que le taux de chômage qui y sévit est le plus important des régions européennes.
Pierre MOUYSSET
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